La mort blanche
(titre original : The White Plague)
Roman de Frank Herbert paru au Livre de Poche (n°7087), traduit par Jacques Polanis.
Un biologiste moléculaire américain voit sa femme et ses enfants mourir sous ses yeux dans un attentat perpétré par l'IRA dans les rues de Dublin. Pour se venger, il décide de créer un virus mortel à 100%, mais qui tue exclusivement les femmes, et de le propager dans les pays qu'il juge responsables directement et indirectement de cette action terroriste, l'Irlande, l'Angleterre et la Libye. Rapidement, le monde entier est en état d'alerte.
Précurseur dans sa description des conséquences potentielles du bio-terrorisme, ce roman fait passer à une échelle supérieure l'engrenage de violence et le cycle de vengeance qui rongent l'Irlande depuis des siècles. Il réussit à dépeindre un monde qui bascule dans la folie mais, en s'intéressant surtout aux conséquences sociales finalement considérées de façon assez superficielle, il occulte totalement la valeur culturelle de l'humanité. Si les Français ne veulent pas s'impliquer lorsqu'il est nécessaire de passer Rome par le feu, c'est ainsi uniquement à cause de la mort du pape. On peut penser au contraire que ceux-ci seraient plus sensibles à la perte de la richesse culturelle de cette ville qu'à celle d'un seul homme fût-il pape. L'absence de considération de l'auteur américain pour l'Histoire et le respect du passé atténue l'effet de son sujet car l'avenir de l'humanité ne paraît plus être au bout du compte un sujet d'intérêt si les survivants ne subsistent que pour eux-mêmes. Alors qu'on peut difficilement trouver thème plus grave, on a ainsi le sentiment de lire une histoire vide de sens et anecdotique, surtout lors des pérégrinations à travers la campagne irlandaise. La seule substance qu'il reste dès lors à ce roman désensibilisé est sa volonté d'explorer l'âme irlandaise.