Cristal qui songe
(titre original : The dreaming jewels)
Roman paru dans la collection J'ai Lu (n°369), traduit par Alain Glatigny.
Renvoyé de l'école parce qu'il mange des fourmis, puis accidentellement mutilé par son affreux beau-père, Horty fugue à l'âge de huit ans, avec pour seul compagnon un jouet, une boîte contenant un diable à ressort. Il est alors recueilli par une naine qui lui permet d'intégrer une troupe de phénomènes de foire dirigée par un misanthrope passionné par sa collection de cristaux, des cristaux doués d'étranges pouvoirs.
Le terme de l'altérité - vue à travers les yeux de l'enfance - est le noyau de l'œuvre de Sturgeon. Quand on est différent, marginal, rejeté par la société, victime de l'égoïsme, de la brutalité et de l'étroitesse d'esprit des hommes, il y a deux façons de réagir. L'une est de vouer à l'humanité une haine éternelle et à devenir anti-social. L'autre consiste à redéfinir les valeurs et à devenir "plus qu'humains". Tous les personnages de Sturgeon (hormis les traumatisantes figures paternelles héritées de l'enfance de l'auteur et symboles de comportements immoraux drapés de rigidité morale) sont tiraillés par cette alternative. C'est en explorant ses frontières que l'humanité découvre son cœur.
Le charme d'un classique de la science-fiction, au style fluide et à la grande sensibilité.