Le cycle de Dune
Dune (Dune)
Le messie de Dune (Dune messiah)
Les enfants de Dune (Children of Dune)
Ces volumes, ainsi que les trois derniers de la série, L'empereur-dieu de Dune, Les hérétiques de Dune et La maison des mères, sont parus chez Pocket, traduits par Michel Demuth.
Les Atréides sont appelés à gouverner Arrakis. Cette planète, aussi appelée Dune, est entièrement désertique, mais elle possède une immense richesse, l'épice, qui procure l'immortalité et la prescience. Avec Paul Atréides, les Fremen, ce peuple du désert, vont se découvrir un nouveau chef. Il est le Kwisatz Haderach, ce produit longtemps attendu des recherches génétiques menées par le Bene Gesserit, qui se révèle capable de voir l'avenir.
Généralement, les lecteurs de Dune se répartissent en deux catégories : ceux qui trouvent que la série va en s'améliorant, et ceux qui pensent que seul le volume original est digne d'intérêt. C'est probablement dû à l'obstacle que représente Le messie de Dune, le moins bon du lot, qui n'incite pas vraiment à continuer la lecture.
Mais en fait, tous les volumes présentent peu ou prou les mêmes défauts : les scènes d'action ou de combat alourdissent considérablement l'œuvre. Et si les enjeux économiques du commerce de l'épice sont largement évoqués, le contexte politique se limite trop souvent aux simples luttes de pouvoir et aux intrigues de palais.
Toutefois, ne vous laissez pas prendre à la vision manichéenne de l'adaptation cinématographique de Lynch (une tare dans la filmographie de ce grand réalisateur, qu'il a d'ailleurs reniée) : il n'y a pas de gentils dans Dune, seulement des groupes d'intérêt tous plus ou moins perfides qui luttent pour le pouvoir, poursuivis par leur cupidité ou par une mission qu'ils jugent transcendante. C'est dans le non-dit, dans l'asservissement des peuples manipulés par ces conflits et lancés dans des guerres de religion et autres atrocités, que réside la réflexion. On assiste ici aux rouages impitoyables de l'histoire, qui porte avec eux leurs cortèges de victimes.
Qui les manipule pour de si "justes causes" ? Le fanatisme religieux poussé à son paroxysme ? La recherche sanglante d'une dangereuse perfection génétique ? Ou, plus prosaïquement, l'épice, protectrice de sa planète et mère de tous les vices ?
Laissons la parole à un fan du cycle :
Frank Herbert est entré dans la légende avec le cycle de Dune. Il pousse à la limite le pouvoir essentiel de la SF, celui de "faire monde", parce qu'il a une imagination fertile et qu'il maîtrise ses rêves au point de leur donner une étonnante cohérence. Par sa carrure littéraire, il ne se compare qu'aux plus grands : il a l'ampleur visionnaire de Dante, l'inquiétante profondeur de Dostoïevski, l'art de multiplier les points de vue jusqu'au plus épais mystère comme Faulkner. Complots, violences, pièges, traîtrises, manipulations politiques et religieuses, rouages dans les rouages, mais aussi bravoure et loyauté ; c'est une scène shakespearienne que celle de Dune. Il s'y noue une trame complexe, mettant aux prises d'innombrables personnages, en lutte pour le pouvoir. Strate après strate, l'univers de Dune s'épaissit et prend forme. C'est une immense fresque à la taille d'un univers entier, un monde total avec toute sa complexité, tout son raffinement, dont Herbert nous livre la clé. Embrasser l'immensité de cet univers ne peut être réalisé qu'à la dernière page du dernier tome (la maison des mères), pas avant. La lecture de Dune est une chose, mais sa relecture et re-relecture en est une autre... En effet, plus on le lit, et plus l'univers créé par Herbert se réalise en nous... une indéfinissable "alchimie" s'opère, une véritable "magie" !
Patrick Le Lay