Nicolas Eymerich, inquisiteur
(titre original : Nicolas Eymerich, inquisitore)
Roman de Valerio Evangelisti paru chez Rivages (Pocket n°10913), traduit par Serge Quadruppani.
Alors qu'au XXIIè siècle, l'astronef psytronique Malpertuis appareille, Nicolas Eymerich est désigné par l'inquisiteur général d'Aragon, le père Agustín, comme son successeur. Encore faudra-t-il que sa nomination obtienne l'aval du roi, du Justicia et du pape, ce qui ne sera pas chose facile. Il pourra alors s'attaquer à ce qu'il pressent comme un gigantesque complot contre la chrétienté et dans lequel la famille royale d'Aragon semble impliquée...
Ce roman est construit en alternance entre les chapitres se déroulant au Moyen Âge et narrant les aventures d'Eymerich et ceux décrivant le vol psytronique et le voyage du Malpertuis. Mais il y a une vraie dichotomie entre ces derniers, bouillie scientifique au style souvent lourd et parfois niais (on sent que le roman n'a été raccroché à la science-fiction que pour trouver un éditeur), et les chapitres historiques, dans lequel Evangelisti est évidemment plus à l'aise puisqu'il se retrouve dans sa spécialité. Le lecteur est ainsi plongé dans les jeux de pouvoir et les enquêtes d'Eymerich, aux rebondissements subtils, même si le style est lui des plus classiques. Il découvre ainsi les motivations et les sombres desseins de l'inquisiteur en même temps que son art de l'intrigue. Voilà un personnage dont la noirceur d'âme et le génie du complot ne sont pas sans rappeler celui de l'excellente série télévisée Profit, qui joue également merveilleusement avec l'ambiguïté du héros.