Aldous Huxley

 

Cet écrivain et intellectuel britannique a écrit une des plus célèbres dystopies du vingtième siècle avec Le meilleur des mondes. Il émigre en Californie en 1937, sans jamais prendre la nationalité américaine car il refuse de s'engager à prendre les armes pour son nouveau pays. Il devient dans les années cinquante un des pionniers de l'usage des drogues psychédéliques et demandera même une injection de LSD à sa femme sur son lit de mort.

Romans

Date

Intérêt

Divertissement

Le meilleur des mondes (Brave new world)

1931

16/20

15/20

La devise de l'État mondial, Communauté, Identité, Stabilité, est parfaitement respectée. Chaque individu est conditionné depuis la naissance à aimer tenir sa place dans la société et a ainsi accès au plus parfait bonheur. En dehors de ce monde parfait ne subsistent que des réserves où les Indiens mènent une vie primitive et misérable.

Comme pour toute dystopie, la subtilité n'est pas la qualité première de ce roman. La description de ce meilleur des mondes s'éternise malheureusement un peu trop, surtout dans la mesure où sa nature n'a échappé à personne et n'a pas besoin d'être autant appuyée. Même si on ne peut nier la justesse de certaines des craintes visionnaires exprimées par Huxley, les deux premiers tiers du roman, incluant également la visite de la Réserve, sont relativement lassants car fondés sur des effets répétitifs.

Mais ensuite, la confrontation entre les deux univers et les variations dans les attitudes des personnages sauvent en revanche largement le roman, et c'est le débat entre le Sauvage et Mustapha Menier et l'argumentaire de celui-ci qui en font l'intérêt. Le Meilleur des mondes est ainsi meilleur en ce sens que 1984, en cela que les personnages y sont plus consistants et intéressants (notamment celui de Bernard Marx) et que le monde décrit est justifié positivement par une argumentation crédible et un minimum attirante (le caractère trop évidemment purement dystopique du roman d'Orwell annihilant, lui, tout débat d'idées au seul profit de la dénonciation des mécanismes). On peut ainsi être soulagé par la préface "vingt ans après" d'Aldous Huxley, qui juge justement a posteriori qu'un des défauts de son livre est de n'offrir qu'une alternative guère réjouissante entre deux modes d'existence déments. La jeunesse de l'auteur nous a ainsi par chance privé d'un "happy end" utopique qui aurait gâché l'œuvre et anéanti la réflexion qu'impliquait l'alternative.

Cette même préface montre d'ailleurs combien Huxley n'était pas une référence en matière d'anticipation, lorsqu'il y décrit "la tendance actuelle à l'étatisme" et prédit que "tous les gouvernements du monde seront plus ou moins totalitaires". Une crainte compréhensible dans les années trente, datée depuis. C'est que cette société à la recherche exclusive du bonheur, et qui asservit la technologie et l'économie à ce but, a de nos jours plus de chances d'arriver par l'individualisme que par l'étatisme.

 

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