Le jugement de Jéhovah

(titre original : Blameless in Abaddon)

 

Roman paru chez J'ai Lu et aux éditions Au Diable Vauvert, traduit par Philippe Rouard.

Le corps inanimé de Dieu est désormais devenu l'attraction principale d'un piège à touristes de Floride. Mais un petit juge local américain, atteint d'un cancer, décide de lui intenter un procès, devant la Cour Pénale Internationale de La Haye, pour enfin savoir s'il peut ou non être tenu pour responsable des multiples souffrances de l'humanité. Le plaignant a le soutien des personnages de la Bible eux-mêmes, mais la défense s'appuie sur des arguments peaufinés depuis deux millénaires par tous les plus célèbres théologiens...

Régler le problème de l'existence du mal, une question qui a passionné les théologiens depuis deux millénaires, voilà qui n'est pas une mince affaire. James Morrow doit passer par une revue et une classification exhaustive des différents arguments, ce qui est philosophiquement instructif mais difficile à rendre compatible avec une satire. Même s'il y parvient habilement, les scènes d'interrogation des témoins sont ainsi très répétitives, et ce deuxième opus perd donc le rythme du premier, ainsi que son ton pince-sans-rire, que l'on retrouve tout de même dans les interventions du diable, narrateur occasionnel.

Ceux qui s'intéressent à la réflexion théologique ne manqueront pas d'être captivés par ce débat philosophique largement documenté, en revanche il risque de laisser plus froid le lecteur athée que Dieu laisse indifférent et qui le trouvera intellectuellement vain. Cette parodie du roman judiciaire américain a en outre du mal à s'adapter au contexte international, ce qui en diminue la résonance. L'idée de base est toujours aussi agréablement loufoque, et l'exercice est louable et bien réalisé, mais un peu formel.

 

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