Marie-Ghislaine prit la seule décision valable, celle à laquelle elle aurait dû se résoudre depuis longtemps : elle rentra dans un restaurant et commanda à déjeuner. Elle prit ainsi un succulent repas, ce qui tendait à prouver qu'elle n'avait nulle besoin de cette traîtresse de Maria pour vivre convenablement.

*

Alors qu'elle rentrait chez elle, une pluie battante tomba qui lui glaçait les veines. Elle ne put pas atteindre sa porte et, par chance, trouva l'entrée de l'immeuble voisin grande ouverte. Elle s'abrita dans la cage d'escalier et contempla avec dépit ses vêtements trempés.

Elle entendait des bruits à un étage supérieur et monta jeter un œil. Elle vit deux garçons et une fille attroupés contre le mur où l'un d'eux criait :

- Zyva, ma mie, t'es revenue ?

- Arrête tes conneries, Francky, fais gaffe à ce que tu dis !

- C'est bon, Saïd, j'sais ce que j'fais, ça a toujours marché jusqu'ici, laisse-moi faire ! Edmond, c'est oime, c'est un rôle spécialement fait pour oime.

- Chut, elle va vous entendre et vous calculer, si elle est là.

- Calme, Caro, tu vois bien qu'y a personne, t'es relou. Fouille plutôt là-dedans et trouve-moi des expressions qui tuent leur reum.

La fille se plongea dans une édition de l'Avare éditée à l'intention des classes de quatrième.

Interloquée par le spectacle, Marie-Ghislaine décida...

 

... de laisser ces chers bambins à leurs étranges activités.

... d'interrompre ce curieux sabbat.