Identification des schémas

(titre original : Pattern recognition)

 

Roman paru aux éditions Au Diable Vauvert, traduit par Cédric Perdereau.

Certains commentateurs ont vu dans le 11 septembre 2001 l'écroulement de l'ultime symbole des années 80, celles des yuppies, du libéralisme triomphant, de l'invulnérabilité technologique... et du cyberpunk. Si vite rattrapé par le présent, William Gibson ? Plus qu'on aurait pu le croire, puisqu'il n'a pas hésité à réécrire le roman qu'il venait d'achever pour y intégrer ce thème qui s'est surimposé à tout le reste. Cette nécessité de reprendre son récit n'a pas été vécu comme une défiance par Gibson, convaincu de toute manière que la science-fiction a toujours reflété le présent plus que l'avenir. Pattern Recognition est justement son premier roman qui ne comporte aucun élément d'anticipation, et il a connu un succès commercial aux États-Unis dans une collection de littérature générale.

L'héroïne du roman, Cayce Pollard, est une "chasseuse de cool", expression qu'elle n'apprécie guère elle-même et qui désigne une personne chargée d'identifier avant tout le monde les tendances. Elle travaille en quelque sorte en amont du marketing, et est atteinte d'une phobie particulière, celle des marques et des logos, dont certains peuvent provoquer chez elle une aversion physique. En marge de son activité professionnelle, elle est CayceP, membre active d'un forum de passionnés du "Film", cette œuvre dont on ne connaît ni l'origine ni l'auteur et que l'on découvre par fragments sur la toile.

"La biodiversité de la culture pop(ulaire) est vraiment en danger", clamait en 1999 l'écrivain installé au Canada dans une interview accordée à son journal "national", le Globe and Mail. À l'heure où le cyberpunk ne désigne plus qu'une sous-culture récupérée dès l'origine comme une "tendance", cette prise de conscience de Gibson se traduit par une volonté d'introduire un élément poétique dans un environnement économique et technologique froid : le Film. Mais cette étrange passion échappant à tout contrôle, autour de laquelle naît spontanément une communauté typique du village global cher à MacLuhan, ne laisse pas insensible les pontes du marketing. Cette course-poursuite est au cœur de ce roman urbain mondialisé qui a deux passages obligés : celui de la fascination cyber-techno de la fin du XXe siècle - le Japon - et celui des thrillers du début du XXIe - la Russie.

 

Retour à la page William Gibson