La loi du talion
Recueil de huit nouvelles de Gérard Klein, paru en 1973 aux Editions J'ai Lu, n°935.
Une petite short short amusante pour mettre l'eau à la bouche.
Les blousons gris (fragments pour l'intelligence d'une crise historique)
Les rats ont envahi Paris ! Pas de front, rassurez-vous. Leur tactique est beaucoup plus subtile. Je vous préviens tout de suite : ceci n'est pas un documentaire sensationnaliste ou catastrophiste (quoique...), mais une nouvelle qui manie excellemment l'humour ("Ainsi, pensa le président, voilà l'un de mes sujets. Non, de mes administrés. Il faut que je me débarrasse de ce tic". Puis, discrètement glissé plus loin dans le même paragraphe : "l'administré le plus important de mon royaume"), particulièrement dans la description de la récupération politique et religieuse de ces évènements, et qui trouve son paroxysme dans la fin très ironique, voire cynique, choisie par Gérard Klein.
Avis aux directeurs de jardins zoologiques
Après une introduction très "XIXè siècle anglo-saxon" dans laquelle le narrateur nous explique pourquoi et comment il relate l'histoire extraordinaire dont il a été le témoin, Klein entame un récit à suspense, quoiqu'un peu exagéré pour être totalement crédible, auquel on se laisse prendre, à travers les mystères vraiment insoupçonnés du Jardin des Plantes.
À des fins de guerre, tout est possible, y compris de détruire ou de recréer des planètes... à quelques détails près.
Dans un décor très "andrevonien" (une ville dévastée par la bombe), le narrateur est chargé de récupérer les hommes juste avant leur mort pour les emmener vers leur éternité. Dans cette nouvelle où s'opère une remise en question permanente, Klein a le mérite de montrer qu'il est allé au bout de son sujet.
Pour franchir les distances intersidérales sans encombres, l'homme a apprivoisé les ubionastes. Parfois leur cornac perd le contrôle, et ils deviennent des snarks (et un auteur de plus qui cite Lewis Carroll, un !), mais cette fois le problème est d'un autre ordre, dans ce remake spatial de "l'appel de la forêt"
Pour éviter les crises et juguler les conflits, les peuples de la galaxie n'ont d'autre choix que de se rabattre sur la pire des lois, mais la seule qui soit commune à tous : la loi du talion. Une nouvelle intelligente par ses réflexions ("Les primitifs, je pense [...], inventèrent les dieux pour oser obéir à des lois nécessaires qui durent leur paraître monstrueuses : cette ressource nous est ôtée. Il nous faut être nos dieux"), par sa description d'une société humaine gérée par la Machine, sorte de super-Léviathan, et par sa chronique humoristique des relations entre les peuples fondées sur l'interdépendance, qui trouve en fait ses racines dans la méfiance et dans la paranoïa. Que dire de l'inénarrable "adaptation" d'Andromaque ?
Une chronique effrayante mais juste et objective d'une société toujours confrontée à des sentiments primitifs : l'amour, mais aussi la jalousie, l'indifférence, la peur de l'autre, la vengeance, etc.
Depuis Conan Doyle, les écrivains ont souvent été vampirisés par leurs personnages, mais pas à ce point-là...