La foire aux atrocités
(titre original : The Atrocity Exhibition)
Roman paru chez Tristam, traduit par François Rivière et préfacé par William Burroughs.
C'est le point de départ de l'œuvre de Ballard, celui où il s'est permis toutes les audaces littéraires. Point de narration linéaire, un héros qui change d'identité à chaque chapitre, comme pour refléter différentes approches d'une intimité désormais inexistante, fusionnée dans la culture de masse.
Hermétique, ce roman expérimental l'est certainement, même si, par sa juxtaposition d'images, il parvient à évoquer les obsessions géométriques de notre espace intérieur. À mesure qu'il se fait plus clinique, il devient plus explicite dans son propos, plus percutant aussi, et culmine avec le prémonitoire Pourquoi je veux baiser Ronald Reagan.
Le texte trouve un éclairage nouveau, en contrepoint, par l'édition annotée qui est proposée aujourd'hui. Les commentaires de l'auteur offrent un nouveau regard et permettent de mieux situer a posteriori le contexte des années soixante, celles de la médiatisation et de la technologie triomphantes. On y apprend que Ballard considère que les icônes de l'époque - les Liz Taylor ou Marylin Monroe que le pop art ont fait passer à la postérité - ne peuvent être égalées par leur résonance sur le psychisme populaire. C'était avant qu'un pilier du Pont de l'Alma n'émette une brutale objection à cette thèse : ce "crash" faisant foi, les thèmes de Ballard restent d'actualité.