Une porte sur l'été

(The Door into Summer)

 

Virginia Heinlein née Gerstenfeld, troisième et dernière épouse de Robert, n'est pas seulement cette femme qui - selon ses détracteurs - l'a fait dériver vers une droite dure et réactionnaire en plein maccarthysme (thèse d'Asimov qui ne reconnaissait plus son ami) ou qui - selon ses admirateurs - a perpétué la mémoire de son mari en entretenant la correspondance avec ses fans. Sa plus grande œuvre est sans doute d'avoir eu cette phrase lumineuse à propos du chat du foyer se faisant ouvrir une à une toutes les portes de la maison en constant avec dépit que la neige tombait partout : "Il cherche une porte sur l'été".

Robert a alors pris sa plus belle plume pour décrire avec un style facétieux cette anecdote qui change tout. Une légèreté féline s'attache dès lors au personnage principal, qui ne serait sinon qu'un ingénieur fourmillant d'idées, mais aussi rébarbatif qu'une planche à dessin.

Sans cette introduction géniale, on s'inquièterait trop de la prévisibilité de l'intrigue, où le voyage dans le temps sert à concrétiser une affection entre un homme d'âge mûr et une jeune fille (calquée sur le modèle de l'épouse parfaite et portant Virginia - tiens tiens - en second prénom) dont le seul défaut est de n'avoir que onze ans... Un être pur, tout comme ces nudistes croisés par hasard (précisons que Heinlein est naturiste à ses heures), et qui forment le cercle des gentils dans ce monde de brutes, où le candide inventeur s'est fait voler ses créations par celle qu'il croyait être sa femme et celui qu'il croyait être son meilleur ami. Un manichéisme sympathique qui passe très bien, parce que le roman est bien construit.

Une porte sur l'été est un roman à breveter, un court roman écrit en treize jours, un condensé de Heinlein sous sa forme la plus charmante.

 

 

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