Isaac Asimov (1920-1992)
Né à Petrovitchi, près de Smolensk, en Russie, il a émigré avec sa famille aux États-Unis à l'âge de trois ans. Dévoreur de livres, il a découvert la science-fiction dans les pulps du kiosque à journaux tenu par son père. Il s'est très vite imposé comme un des plus célèbres écrivains de l'histoire du genre (alors naissant), auteur de textes de référence élus comme "la meilleure série de SF de tous les temps" (Fondation) ou comme "la meilleure nouvelle de SF de tous les temps" (Nightfall). Il est aussi réputé pour être un boulimique de la machine à écrire : il a écrit plus de 400 romans ou nouvelles, sans compter les ouvrages de vulgarisation scientifique, ainsi que des guides de la Bible ou de Shakespeare. Ses centres d'intérêt multiples l'ont largement fait dévier de ses premières amours au niveau de sa production littéraire. Au début des années cinquante, il s'est en effet détourné de son mentor John Campbell, qui commençait à dériver vers des pseudo-sciences. Le style classique et sans relief d'Asimov paraissait alors dépassé alors que la SF s'ouvrait vers de nouveaux horizons littéraires.
Conférencier passionnant, vulgarisateur didactique, unanimement apprécié pour sa bonhomie, Asimov a pleinement conscience de ses qualités et a développé très jeune un ego à toute épreuve, dont qui lui est tout pardonné tant il sait en jouer. Sa vanité entraîne quelques défauts : il veut s'obstiner à croire qu'il a un grand sens de l'humour, et que certaines de ses nouvelles, qui sont quelconques, sont drôles. Il n'a réellement réussi qu'une fois dans l'humour, dans sa nouvelle L'amour, vous connaissez ? Mais il a précisé l'idée du dernier paragraphe lui avait été soufflée par sa secrétaire... À noter que ses recueils de nouvelles sont parfois appréciés pour leurs petites introductions riches en anecdotes amusantes et en auto-ironie, plus que pour les textes eux-mêmes. Asimov n'est pas un pur humoriste, mais son ton léger et badin est éminemment sympathique.
Ses principaux romans peuvent constituer une sorte d'histoire du futur, même s'ils n'avaient au départ pas été écrits dans cette intention (ce qui ressent particulièrement pour le cycle de Trantor, où les liens entre les romans sont très distendus). Ils constituent trois cycles : le cycle des Robots, le cycle de Trantor et le cycle de Fondation. Mais ce serait un tort de négliger ses autres romans, en particulier Les dieux eux-mêmes.
Date |
Intérêt |
Divertissement |
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Les cavernes d'acier (The caves of steel) |
1954 |
15/20 |
16/20 |
Face aux feux du soleil (The Naked Sun) |
1957 |
15/20 |
16/20 |
Les Robots de l'aube (The Robots of Dawn) |
1983 |
15/20 |
16/20 |
Les Robots et l'empire (Robots and Empire) |
1984 |
14/20 |
16/20 |
Ce sont les robots, d'abord par l'intermédiaire des nouvelles, qui ont fait connaître Asimov. Tout le cycle des Robots est principalement conçu sur l'interprétation des Trois Lois de la Robotique, qu'Asimov a créé par lassitude des histoires de robots se retournant contre leur créateur : 1) Un robot ne peut nuire à un être humain ni laisser sans assistance un être humain sans danger, 2) Un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par les êtres humains, sauf quand ces ordres sont incompatibles avec la Première Loi, 3) Un robot doit protéger sa propre existence tant que cette protection n'est pas incompatible avec la Première et la Deuxième Loi.
Cycle de Trantor |
Date |
Intérêt |
Divertissement |
Cailloux dans le ciel (Pebbles in the Sky) |
1950 |
12/20 |
15/20 |
Tyrann (The Stars Like Dust) |
1951 |
8/20 |
12/20 |
Les Courants de l'espace (The Currents of Space) |
1952 |
13/20 |
15/20 |
Les romans et nouvelles sur les Robots, ainsi que Tyrann et Cailloux dans le ciel, sont parus chez J'ai lu, Les Courants de l'espace, Prélude à Fondation et L'aube de Fondation chez Pocket, et les autres romans de Fondation chez Présence du Futur.
Date |
Intérêt |
Divertissement |
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Prélude à Fondation (Prelude to Foundation) |
1988 |
13/20 |
14/20 |
L'aube de Fondation (Forward the Foundation) |
1993 |
13/20 |
14/20 |
Fondation (Foundation) |
1951 |
19/20 |
19/20 |
Fondation et Empire (Foundation and Empire) |
1952 |
19/20 |
18/20 |
Seconde Fondation (Second Foundation) |
1953 |
19/20 |
19/20 |
Fondation foudroyée (Foundation's Edge) |
1982 |
17/20 |
18/20 |
Terre et Fondation (Foundation and Earth) |
1983 |
18/20 |
18/20 |
Les deux premiers romans, écrits en dernier, ne sont absolument pas nécessaires à la compréhension de la trilogie originelle.
Nous sommes aux alentours de l'an de grâce 12000 de l'Ère Galactique, et L'Empire, à l'image de sa planète-phare, Trantor, est déclinant. Le mathématicien Hari Seldon, inventeur de la psychohistoire, qui lui permet de prédire les grandes lignes de l'avenir, le sait. Il se voit accorder le droit d'être exilé avec d'autres scientifiques sur une planète reculée à l'extrême périphérie de la galaxie, où ils pourront tenter de conserver le savoir de l'humanité à travers les temps troublés qui s'annoncent. Seldon crée également une Seconde Fondation, située "à l'autre bout de la galaxie", et qui travaille dans l'ombre pour le même but...
Fondation reste le grand classique de l'âge d'or de la science-fiction, aujourd'hui parfois décrié ou accusé d'avoir vieilli. S'il est vrai qu'il ne faut y chercher un style brillant, Asimov écrivant de façon simple mais très plaisant à lire, mais il reste une œuvre fondatrice, si vous me pardonnez l'expression. Sous la pression de ses éditeurs, Isaac Asimov a écrit la suite de la trilogie originelle dans les années 80, alors que, passionné par ses écrits de vulgarisation scientifique et/ou historique, il n'avait quasiment plus écrit de romans depuis plusieurs décennies. Fondation foudroyée a ainsi obtenu le prix Hugo 1983. Ces deux suites, certes plus diluées que les trois premiers volumes, ont toutefois un intérêt particulier, et il est savoureux a posteriori et riche d'enseignements de voir se développer une science pendant cinq tomes avant qu'on s'intéresse finalement à ses hypothèses de départ et à ses conditions de validité à la fin du cinquième volume, où Asimov réussit une boucle parfaite de l'ensemble de son œuvre... On s'amusera de ce que bien des disciplines n'ont, elles, toujours pas exploré les lézardes de leurs fondements.
Trahissant les volontés d'Isaac, sa veuve Janet a cédé à l'appât du gain et a confié à trois jeunes auteurs américains le soin d'écrire de nouvelles suites afin de remplir les caisses. La première d'entre elles a été jugée insultante en regard de l'œuvre d'Asimov, qui devait se retourner dans sa tombe.
Autres romans |
Date |
Intérêt |
Divertissement |
1965 |
15/20 |
14/20 |
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1972 |
18/20 |
16/20 |
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Némésis (Nemesis) |
1989 |
9/20 |
12/20 |
Les dieux eux-mêmes, prix Hugo 1973 et prix Nebula 1972, est une des meilleures tentatives pour décrire des extraterrestres réellement originaux et détachés d'une quelconque inspiration terrestre ou humanomorphe.
Principales nouvelles |
Date |
Intérêt |
Divertissement |
1941 |
10/10 |
10/10 |
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La preuve (Evidence) |
1946 |
7/10 |
8/10 |
Personne ici sauf... (Nobody here but...) |
1953 |
8/10 |
9/10 |
La cane aux œufs d'or (Paté de foie gras) |
1956 |
7/10 |
9/10 |
Les idées ont la vie dure (Ideas die hard) |
1957 |
9/10 |
8/10 |
L'amour, vous connaissez ? (Playboy and the slime god) |
1961 |
6/10 |
10/10 |
L'exhaustivité (terme totalement incompatible avec Isaac Asimov) nous oblige à mentionner les histoires des Veufs Noirs (petites énigmes amusantes, mais vite lassantes, sous fond de repas entre amis, où c'est le majordome qui trouve toujours la solution) et surtout les délires scientifiques du chimiste Asimov : outre La cane aux œufs d'or, il a ainsi inventé la thiotimoline, la fameuse substance qui se mouille juste avant d'entrer en contact avec l'eau, et sur laquelle il a écrit un fameux article parodique la veille de sa soutenance de thèse...