La cybériade (titre original : Cyberiada)

 

Roman de Stanislaw Lem, écrit en 1965, paru dans la collection Présence du Futur (n°109).

<< Le grand constructeur Trurl conçut un jour une machine qui savait faire tout ce qui commençait par la lettre n. >>. Dès la première phrase, le ton est donné : place à l'inventivité délirante de Lem et aux sueurs froides pour le traducteur (Dominique Sila pour ne pas le nommer). Après quelques récits d'introduction destinés à présenter les personnages, les robots-constructeurs Trurl et Clapaucius, Lem relate leurs croisades. Dès la première s'exerce sa verve satirique puisqu'il révolutionne à sa manière les techniques militaires. Ainsi, dans la troisième, Lem nous apprend que Trurl et Clapaucius avaient étudié la Théorie Générale des Dragons à l'Ecole Supérieure de Néantologie, qui se consacre exclusivement à l'étude (approfondie) de ce qui n'existe pas, et où l'on avait identifié trois types de dragons : les neutres (ou zérons), les imaginaires (ou virtuons), et les négatifs, qui manifestent chacun des propriétés d'inexistence distinctes. Il s'en suit un détournement du vocabulaire de la physique quantique dans une satire jubilatoire, très loin de toute rigueur scientifique, et qui s'appuie sur des théories dépassées, mais qui n'en est pas moins hilarante. Mais on retrouve toujours dans ces récits les défauts de Lem, à savoir son humour un peu trop appuyé, empreint parfois d'une naïveté agaçante (prend-il le lecteur pour plus bête qu'il n'est?).

Par la suite, Lem se fait plus philosophe, gardant sa liberté de ton dans ses réflexions sur l'Etat qui s'éloignent nettement de la doctrine du parti. Tout en conservant son esprit délirant, il émet des réflexions intéressantes (<< Ne vaut-il pas mieux qu'une créature intelligente ne puisse modifier elle-même son apparence ? Car cette sorte de liberté est un véritable tourment. En effet, quiconque doit demeurer tel qu'il est peut maudire la fortune à son gré, mais il est impuissant à la changer ; tandis que celui qui parvient à altérer son apparence ne peut accuser personne au monde d'avoir commis un sabotage ; s'il est mal dans sa peau nul n'en est responsable, fors lui-même. >>), qui se poursuivent dans le dernier récit où l'on apprend ce qu'il en coûte de vouloir faire le bonheur de son prochain.

 

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