Eternity Express
Roman de Jean-Michel Truong paru en grand format chez Denoël puis en poche chez Pocket (avec les coquilles en plus, dignes de cette collection), récipiendaire du Grand Prix de l'Imaginaire en 2000.
L'Europe a trouvé la solution pour utiliser à son profit les effets de la mondialisation et régler le problème des retraites : délocaliser les personnages âgées. Pour avoir les moyens de payer leurs pensions, il suffit de les envoyer en Mongolie, où l'on pourra subvenir à leurs besoins, avec tout le confort et les offres de loisirs modernes, à des prix plus abordables. Seul inconvénient, le voyage en train est un peu long. Déception pour ceux qui confondent le trajet interminable du Transsibérien et l'élégance désuète de l'Orient-Express dépeint par Agatha Christie. Ils s'y croient un peu, toutefois, quand une mort mystérieuse donne un peu de piment au trajet...
Un roman court et efficace, comme doit l'être une vie économiquement rentable. Sans être aussi profond et élaboré que l'essentiel Le successeur de pierre, il n'en est pas moins intelligent et fondé. La lente traversée des steppes d'Asie centrale permet d'opérer peu à peu le glissement des valeurs entre l'Occident et la Chine, mais également au sein même de la société européenne et d'un de ses honorables représentants, le médecin qui fait office de narrateur et prend soin du convoi.
C'est cela, la morale mondialisée : un raisonnement qui prend corps, évacue l'alternative, s'insinue, se justifie et arrive à la conclusion.