Le nom du monde est forêt

(titre original : The Word for World is Forest)

 

Roman d'Ursula Le Guin, traduit par Henry-Luc Planchat. Prix Hugo 1973 de la meilleure novella. La novella initiale de 1972 a été rallongée en roman en 1976

Planète recouverte de forêts, la Nouvelle-Tahiti présente des ressources en bois précieuses pour une Terre qui a épuisé les siennes. La force coloniale qui s'y déploie est masculine, militaire, et asservit au mépris des règlements officiels la main d'œuvre qui s'y trouve, des humanoïdes hauts d'un mètre environ qui passent leur temps à rêvasser (en fait, le contrôle du rêve représente chez eux la clé de la maturité).

Le caractère manichéen - et dément - du personnage principal présenté d'emblée (Davidson) laisse entrevoir un plaidoyer écologiste et anti-colonial un peu trop évident. Ce court roman tient pourtant un rôle pivot dans la chronologie implicite du cycle de Hain dans lequel s'insère les œuvres de Le Guin : c'est le moment de l'émergence d'un pouvoir universel (la 'Ligue de tous les mondes") et de ses premières influences morales. Pour autant, le précepte majeur chez Le Guin n'est pas le droit l'ingérence (lequel sera remis en cause lorsque la Ligue de tous les mondes deviendra l'Ekumen dans ses textes situés postérieurement).

Au contraire, le précepte implicite de toute l'œuvre de Le Guin est que le progrès des civilisations passe par l'apprentissage de l'autre. Mais elle n'est pas naïve pour autant : la chute de ce texte nie justement que ce "progrès" lié à la connaissance de l'autre soit nécessairement une chose positive.

 

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