La main gauche de la nuit

(titre original : The Left Hand of Darkness)

 

Roman d'Ursula Le Guin, traduit par Jean Bailhache. Prix Hugo 1970 et prix Nebula 1969.

Genly Aï a été envoyé sur la planète glaciaire Nivôse (Gethen selon ses habitants) pour la faire adhérer à l'Ekumen, la confédération galactique. Mais comment expliquer le principe d'une alliance fondée sur l'échange d'information dans un monde où la méfiance règne en maître ? Les principales structures politiques sont en effet une monarchie absolue archaïque (la Karhaïde) où la communication repose sur une étiquette complexe, et un système totalitaire de type communiste apparemment plus ouvert mais régi par la police secrète (l'Orgoreyn). Difficulté supplémentaire, l'homme Genly apparaît comme un être pervers (car tout le temps en chaleur) aux habitants de Gethen, des hermaphrodites qui ne deviennent sexués que deux jours par mois.

La main gauche de la nuit initie une société gelée à la tolérance, mais elle confronte aussi le personnage principal - et indirectement le lecteur - à la découverte de l'altérité. La révolution sexuelle de la fin des années soixante a permis la publication de cette œuvre marquante dans l'évolution de la science-fiction, mais elle ne l'a pas datée et son message reste universel. Elle met en question les barrières mentales du lecteur, liées à l'incapacité de se représenter les Géthéniens sous un aspect féminin ou "neutre", puisqu'ils sont désignés par des pronoms masculins (y compris dans la version originale anglaise, la précision est d'importance) et qu'ils occupent des postes de pouvoir si fréquemment dévolus aux hommes dans les fictions semblables. De ce point de vue, et sans jamais se faire idéologique, La main gauche de la nuit est le roman féministe le plus subtil de l'histoire.

 

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