Michel Jeury
Michel Jeury, né en 1937, publie sous le pseudonyme d'Albert Higon avant d'inventer la chronolyse, concept qui sera au cœur de ses romans Le Temps incertain et Les Singes du Temps.
Titre |
Date |
Intérêt |
Divertissement |
1973 |
13/20 |
11/20 |
Roman publié dans la collection Les chefs d'œuvre de la science-fiction (Robert Laffont), préfacé par Pierre Versins.
Le docteur Robert Holzach est envoyé en mission dans l'Indéterminé afin de contacter Daniel Diersant, un employé de la Séac, entreprise en pleine guerre de succession. C'est le début du roman. Car il y a un début, mine de rien, et même une fin. Pour le reste, il serait vain et stupide d'utiliser des références temporelles... Vous êtes devant un panneau. Derrière vous, l'usine de Choiry. A gauche, l'hôpital Garichankar. A droite, HKH. Et tout droit, là-bas, la Perte en Ruaba... Si vous êtes quelque peu désorienté, c'est normal, mais concentrez-vous et baissez légèrement les yeux. Il se pourrait que vous arriviez au paragraphe suivant.
Quelques explications s'imposent, peut-être ? On dit qu'un homme ayant un accident de voiture voit défiler sa vie devant lui. C'est une expérience de chronolyse, qui pourrait théoriquement aboutir à l'éternité subjective. Mais on peut aussi la provoquer de manière artificielle. C'est ce que fait l'hôpital Garichankar en envoyant des hommes dans le Temps Incertain, où il lutte avec l'empire industrialo-fasciste HKH pour le contrôle de l'Indéterminé. Perdu dans cette guerre dont il ne connaît pas l'enjeu, Daniel Diersant est déjà bien occupé à savoir qui il est et ce qui lui est arrivé, et à restituer la chronologie des évènements. Le lecteur courageux pourra aussi s'y risquer, sans garantie de succès. Car Michel Jeury a créé là un roman qui mérite réellement le qualificatif de "labyrinthique" (à ceci près que rien n'indique que l'on a passé une intersection, ni qu'on a triché en franchissant un mur). A force de passer plusieurs fois au même endroit, on risque de se perdre et de ne plus savoir si on avance ou si on recule, perdu dans un temps dilaté, décomposé, recomposé... Mais y a-t-il au moins une sortie ? Peut-être... Si l'épigraphe est une citation de Dick, ce n'est pas un hasard, même si Jeury, plus que l'ambiguïté de la réalité, met en scène son aspect multiforme et la subjectivité de la perception temporelle.