L'homme des jeux

(titre original : The player of games)

 

Roman paru au Livre de Poche (n° 7185), traduit par Hélène Collon. Préface de Gérard Klein.

Premier roman de la Culture publié en français (mais pas en anglais...), L'homme des jeux est sans doute la meilleure entrée en matière possible à ce "cycle" qui n'en est pas vraiment un : c'est le plus linéaire dans son récit, celui qui permet le mieux d'appréhender cette civilisation et ce qui la distingue. Et, attrait non négligeable, c'est peut-être aussi le meilleur. Aucun scrupule donc à commencer par celui-ci.

Les romans de la Culture, tous indépendants, s'intéressent tous à cette frange marginale de ses activités que constitue le Contact avec d'autres civilisations : c'est en effet dans cette opposition que l'utopie prend tout son sens. Elle trouve sa raison d'être dans cette altérité, et son "optimalité" n'apparaît que comme la conclusion purement pragmatique permise par l'expérience de ces comparaisons.

Banks sait parfaitement jouer avec cette altérité, notamment dans L'homme des jeux, où la Culture a affaire à une institution archaïque, un Empire, dont les habitants sont physiologiquement très différents de nous, mais en même temps comportementalement beaucoup plus proches que ceux de la Culture, par leur désir de puissance et leur cruauté. Dans ce dialogue de sourds entre une civilisation fondée sur le principe de propriété et une autre qui l'a aboli depuis son origine, nous sommes intellectuellement plus familiarisés avec les idées des premiers, dans toute leur perversité.

Le jeu n'est pas qu'un prétexte de l'intrigue source de suspense, mais un thème à part entière du roman. Banks en est un fervent adepte, et il avance par exemple une thèse intéressante sur l'évolution manifeste que constituent les jeux incluant une part de hasard par rapport à ceux comme les échecs qui sont une survivance de l'âge déterministe, pré-chaotique.

 

Retour à la page Iain M. Banks