Le livre d'or de la science-fiction : Richard Matheson

 

Presses Pocket n°5110.

Préface : Itinéraires de l'angoisse, par Daniel Riche.

Journal d'un monstre

Titre original : Born of Man and Woman. Traduction d'Alain Dorémieux.

Une cave, une chaîne, un enfant. Pas comme les autres, assurément. Mais qui ressent la douleur et l'injustice. Ou comment une nouvelle écrite par un auteur inconnu de 24 ans allait devenir un chef d'œuvre reconnu.

L'emploi du mot monstre est d'Alain Dorémieux, qui à cette époque révolue adaptait les nouvelles pour le public français plus qu'il ne les traduisait.

La chose

Titre original : The Thing. Traduction de Daniel Riche.

Une critique de la science dogmatique et de la pensée absolue, poussée à un niveau caricatural, où les femmes incarnent le conformisme (mais aussi le confort de la pensée rationnelle) et où les hommes incarnent la révolte (et du coup l'irrationnel). La nouvelle repose sur la découverte de la nature de cette "chose", qui parvient à surprendre un peu le lecteur, car elle est assez bien trouvée.

Les déshéritiers

Titre original : The Disinheritors. Traduction de Daniel Riche.

La petite Alice s'en va gambader dans la forêt après un charmant pique-nique avec son mari adoré. Alice-Boucle d'Or y découvre une jolie cabane, trois chaises de tailles différentes, trois bols de porridge, trois lits... Ce qu'on s'amuse ! Alors, pourquoi ce bizarre sentiment d'inquiétude ?

Des procédés typiquement fantastiques : une petite bluette mièvre, une héroïne qui nage dans la félicité avant d'être singulièrement perturbée par une suite d'évènements inexplicables, mais le tout est ici formidablement mis en valeur par un style mi-naïf, mi-ironique. Matheson l'explique lui-même : "Les gens se soucient peu de ce qui n'est pas réel et qui devient réalité. Ce genre de choses dérange leurs esprits bien remplis [...]. Ils préfèrent obéir à la logique poussiéreuse de l'expectative. Seulement, de temps en temps ils se laissent fléchir, et permettent à l'imagination de prendre le dessus. C'est à ce moment qu'il faut s'occuper d'eux.é Ne vous inquiétez pas, il en finit d'abord avec Alice, et puis Matheson s'occupe de vous.

Paille humide

Titre original : Wet Straw. Traduction de Bruno Martin.

Une nouvelle fantastique où Matheson joue avec nos cauchemars et sait rappeler l'importance d'une parole donnée, un jour...

Le dernier jour

Titre original : The Last Day. Traduction d'Arlette Rosenblum.

La fin du monde : que feriez-vous s'il ne vous restait plus qu'un jour à vivre ? Orgies, débauche, rêves les plus fous... Cauchemars les plus sombres, aussi. Matheson en a une vision lucide, mais pas débordante d'originalité, ce qui est somme toute logique pour un thème aussi éculé.

Lazare n° II

Titre original : Lazarus II. Traduction de Daniel Riche.

Une nouvelle fois, les dérives de la science sont imputables aux femmes... Matheson semble régler ses comptes avec sa mère dans cette nouvelle qui fait écho à cette phrase de Je suis une légende : "[Les] crimes [du vampire] sont-ils plus grands que ceux des parents qui tuent la personnalité de leurs enfants ?"

C'est qu'une résurrection mécanique est difficile à vivre, surtout pour un suicidé. Mais Matheson est cette fois dépassé dans son propre domaine car, sur un thème proche, Stanislaw Lem a fait plus sombre, plus désespéré et plus effrayant.

L'homme qui a fait le monde

Titre original : The Man who made the World. Traduction de Daniel Riche.

Lorsqu'un certain M. Smith prétend avoir créé le monde à quarante-deux (42 !) ans, il est normal que le dialogue confine à l'absurde. Une chute que l'on croit prévisible et qui rebondit astucieusement.

Le zoo

Titre original : Being. Traduction de Michel Deutsch.

Une histoire de terreur qui aurait pu faire une bonne adaptation pour le cinéma ou la télévision si Matheson avait pu mener son projet à terme.

Le test

Titre original : The Test. Traduction de Roger Durand.

Une peinture sèche, émouvante, sans illusions et sans hypocrisie, d'une société qui ne veut plus de ses vieillards encombrants.

Le conquérant

Titre original : The Conqueror. Traduction de Daniel Riche.

Un western sans autre intérêt que de se moquer de la morale à deux sous et de la fierté mal placée des glorieux tireurs, héros du Far-West.

Funérailles

Titre original : The Funeral. Traduction de Paul Hébert.

Les affaires sont les affaires, même (surtout ?) dans une entrepris de pompes funèbres. Ce style d'humour morbide a depuis été exploité à outrance par diverses productions hollywoodiennes.

Moutons de Panurge

Titre original : Lemmings. Traduction de P.J. Izabelle.

Même si les zoologistes ont depuis le temps remis en cause les clichés relatifs aux comportements des lemmings, ceux des hommes ne souffrent d'aucune discussion. Avant d'écrire cette nouvelle, peut-être Matheson avait-il assisté à une quelconque migration estivale vers des plages bondées.

Le distributeur

Titre original : The Distributor. Traduction d'Alain Dorémieux.

Le thème est le même que celui de La Zizanie de Goscinny et Uderzo, mais Matheson pousse le cynisme et la cruauté jusqu'à l'extrême dans cette nouvelle très dense.

Rien de tel qu'un vampire

Titre original : No Such Thing as a Vampire. Traduction de Nathalie Dudon.

Pour une fois, l'irrationnel ne triomphe pas. Ce coup-ci, il y a un truc !

Deadline

Titre original : Deadline. Traduction de Daniel Riche.

Classique irruption de l'élément fantastique dans la vie quotidienne.

Le pays de l'ombre

Titre original : From Shadowed Places. Traduction de René Lathière.

Retour à un fantastique pur et dur qui se nourrit des légendes africaines traditionnelles et de sorcellerie animiste.

Appuyez sur le bouton

Titre original : Button, Button. Traduction de René Lathière.

Une nouvelle essentielle sur un cas de conscience, légèrement biaisé par le fait que les Américains ne considèrent pas les habitants des pays étrangers comme des hommes à part entière, en tout cas pas dignes de considération.

Bobby

Daniel Riche intercale ici un scénario glaçant de Matheson qu'il a décidé de traduire. L'occasion de voir que Matheson maîtrise non seulement la technique cinématographique, mais aussi les effets hollywoodiens faciles.

Ce que je crois

Matheson explique dans ce texte sa philosophie ainsi que ses croyances, jusqu'aux plus absurdes (astrologie).

 

Retour à la page Richard Matheson