L'orbite déchiquetée

(titre original : The jagged orbit)

 

Roman de John Brunner, écrit en 1969 et paru au Livre de Poche, traduit par Frank Straschitz. Récemment réédité chez Présence du Futur. British SF Award 1971.

Voici les deux premiers chapitres du livre en V.O. :

ONE

I-

1+1

 

TWO

-solationism

=1

Et voici les deux derniers :

NINETY-NINE

You-

1+1

 

ONE HUNDRED

-nification

=2

Bon, je vous rassure tout de suite, il y a plein de choses entre... Si j'ai recopié ces quatre chapitres, c'est parce qu'ils illustrent un défaut de traduction classique : au lieu de conserver le texte initial et de l'expliquer au moyen d'annotations, on tente malgré tout de traduire l'intraduisible. Le résultat obtenu ici par le traducteur Frank Stanschitz, outre le fait qu'il ajoute des effets humoristiques inexistants (<< Suite du chapitre un >>), est complètement incompréhensible, laissant au lecteur le soin de se casser la tête sur un mystérieux << Mettez-vous à votre place >>.

Revenons-en au roman... L'isolationnisme dont il est question ici est dû à une paranoïa collective due à une peur d'autrui, où la seule réponse proposée face à la violence urbaine est l'armement individuel, qui fait exploser les bénéfices réalisés par les Gottschalk, les richissimes vendeurs d'armes. Cet isolationnisme se manifeste aussi par une séparation raciale entre les Blanks (terme d'afrikaans pour "Blancs") et les Niblanks ou Nis (terme d'afrikaans pour "non-blancs"), confinés dans certaines villes (bantoustans-bis), comme Detroit. L'absurdité de cette séparation atteint son paroxysme lorsque Pedro Diablo, l'animateur radio vedette chez les Nis, est chassé parce qu'un généticien sud-africain, chantre de l'apartheid, a découvert qu'il n'était pas assez noir...

Il est presque difficile de qualifier ce livre de roman d'anticipation. Il ne nous apparaît quasiment plus que comme une simple extrapolation des travers des Etats-Unis actuels : la fracture larvée, bien que niée et dissimulée sous une bien mince couche de vernis (appelée "quotas"), entre "Blancs" et "Noirs", et l'imbécile armement individuel. Ce n'est donc pas parce que l'apartheid s'est éteint que ce livre perd de son impact, bien au contraire!

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