Pamela Sargent

 

Née le 20 mars 1948, Pamela Sargent a commencé l'écriture par le théâtre, en créant des pièces historiques qu'elle jouait elle-même avec ses camarades de classe au collège. C'est à 14 ans qu'elle a lu son premier livre de science-fiction, L'homme démoli. À la première année de ses études de philosophie classique à l'université de Binghamton, elle a rencontré George Zebrowski, qui commençait à vendre ses nouvelles à des magazines et lui servit ainsi d'émulation. Après divers petits boulots, dont le mannequinat, Sargent fera donc partie d'un cas d'espèce dans le milieu, un couple d'écrivains de SF ! Le carcan social qu'elle vivait mal dans son enfance a incité Sargent, sans jamais avoir été militante féministe à proprement parler, à mettre en place une série d'anthologies pour valoriser la place des femmes dans la science-fiction.

 

Roman

Date

Intérêt

Divertissement

Le Rivage des femmes (The Shore of Women)

1986

13/10

13/10

Roman paru chez Ailleurs et Demain (n°124) et au Livre de Poche (n°7202), traduit par Nathalie Guilbert.

Après une guerre nucléaire, les femmes ont tiré les leçons : elles ont réorganisé la civilisation dans des Cités et en ont banni les hommes, à la violence atavique réputée incurable. Ceux-ci sont utilisés uniquement pour recueillir leur sperme, asservis qu'ils sont par des images érotiques, sans connaître l'existence des femmes qu'ils prennent pour des représentations de la Déesse. Ils mènent une vie de subsistance au dehors, au sein de bandes qui s'entretuent parfois. Dans les Cités des femmes, la violence est tabou, le meurtre encore plus... mais pas la mise à mort indirecte. C'est pourquoi Birana en est chassée parce que sa mère a commis un crime, avec presque aucune chance de survie à l'extérieur. Comment pourrait-elle survivre au milieu de cette nature hostile peuplée d'êtres inférieurs et barbares, ces hommes qui la dégoûtent ?

Un tel sujet se voit vite ranger dans la catégorie "science-fiction féministe", mais Pamela Sargent n'a rien d'une idéologue : elle s'est fait critiquer par les ultras pour laisser entendre que ses consœurs ont moins d'intérêt naturel pour l'exploration et le progrès scientifique. Elle a d'ailleurs toujours démenti avoir soutenu consciemment ou inconsciemment cette thèse qui transparaît pourtant à la lecture - elle voulait pointer ce défaut comme une conséquence de la peur du changement, et pas comme une tare intrinsèque des femmes.

Le Rivage des femmes est donc un hymne à la tolérance, plus intelligent qu'il n'y paraît par rapport à son thème, même s'il verse parfois dans la littérature adolescente au moment de la (lente) montée de l'attrait sexuel entre le héros et l'héroïne, pourtant censés avoir été déniaisés par leurs semblables réduits à des relations homosexuelles. Ces ingénuités éraflent la sympathie qu'inspirent les personnages, mais elles ne doivent pas dissuader de lire ce classique mineur.

 

 

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