Alfred Bester (1913-1987)

 

Même s'il n'a publié dans sa vie que cinq romans (plus un posthume et non-SF) et deux recueils de nouvelles, Alfred Bester restera dans l'histoire de la science-fiction comme le détenteur du tout premier Prix Hugo, avec L'homme démoli. Il est venu à l'écriture en gagnant un concours organisé par le magazine "Thrilling wonder stories" en 1939 et continuera à la pratiquer de façon dilettante, en annexe de ses activités de scénariste de comics (Batman), de radio et de télévision, puis de journaliste et de rédacteur de chef du magazine cinématographique et artistique Holiday.

Roman

Date

Intérêt

Divertissement

L'homme démoli (The demolished man)

1998

14/20

13/20

Roman paru chez Denoël dans la collection Présence du futur (n°9). Prix Hugo 1953.

Dans une société où la vigilance d'une guilde de télépathes à vocation altruiste a permis d'éradiquer le crime, un meurtre est commis pour la première fois depuis près d'un siècle. La victime est le dirigeant du principal cartel mondial, et le coupable, son dernier concurrent pour la domination économique, est tout désigné. Mais la justice informatisée ne donne suite à une enquête que si celle-ci parvient à déterminer de manière irréfutable la méthode, l'occasion et le motif. Et cela ne se révèle pas aussi évident que de prime abord.

L'homme démoli est un classique (mais un classique non-conformiste) de la science-fiction des années 50, celle de Van Vogt et des premiers Dick, qui fait de la télépathie son principal sujet d'intérêt, et qui commence à s'intéresser à des personnages qui lui permettent de lier par leur mégalomanie ou/et leur paranoïa une écriture psychologique intimiste et des préoccupations universelles. Cette première exploration stylistique des pensées et des obsessions d'un névrosé n'est pas encore complètement au point (qui plus est, l'écriture semble perdre beaucoup à la traduction), mais elle ouvrira la voie à de nombreux auteurs de science-fiction. On pense bien sûr ici à Dick, voire à Spinrad avec son personnage de Benedict Howards.

Ce roman, qui constitue un des meilleurs mariages entre le roman policier et la science-fiction, ne se concentre pas uniquement sur l'individu, mais s'ouvre également à une réflexion plus politique, notamment par le biais des débats latents qui alimentent la communauté des télépathes, laquelle doit choisir entre une position altruiste de pilier du progrès social et une exploitation plus profitable de son don et de sa supériorité.

 

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