Solaris

 

Roman de Stanislaw Lem paru dans la collection Présence du Futur.

1) L’histoire :

Solaris est une planète découverte un siècle auparavant : diverses expéditions de recherche ont tenté d’en comprendre le fonctionnement et d’établir un contact avec son Océan intelligent : sans succès .

Le personnage principal , Kelvin, débarque après la mort mystérieuse d’un chercheur. A l’intérieur du satellite de recherche, l’ambiance est étrange : l’Océan de Solaris (qui se contentait jusque-là d’élaborer en son sein des constructions fantastiques et éphémères) envoie auprès des hommes de la station un être de chair et de sang copié d’après les souvenirs ou les fantasmes prégnants des intéressés, ce qui les plonge dans la perplexité, l’angoisse, voire la folie.

2) "Qui" est Solaris ?

Diverses théories ont été élaborées, par les précédentes expéditions de recherche. Mais "qui" est vraiment Solaris ? Plus on avance dans la compréhension du mystère, plus il s’épaissit :

Le héros, l’œil rivé au microscope découvre les cellules, puis les molécules, puis les atomes, de la femme aimée que l’Océan a recréée à partir de ses souvenirs et soudain il ne voit plus rien.

3) Pourquoi Solaris ?

Si le héros de l’expédition n’en sait pas beaucoup plus au sujet de Solaris à la fin qu’au début, il aura par contre appris beaucoup sur lui-même :

Quant au lecteur, s’il est sensible à la démarche intellectuelle du roman, il n’en sortira pas indemne. L’intelligence-océan, créatrice sans limitation, éternelle, si diamétralement opposée aux insuffisances des mortels, exerce une fascination narcissique sur l’être humain, comme un reflet inversé dans lequel il n’a de cesse qu’il y trouve Sa Vérité.

<< L’existence de ce colosse pensant ne cesserait plus de tourmenter les hommes Quand bien même l’Homme aurait exploré en tous sens les espaces cosmiques, quand même il aurait établi des rapports avec d’autres civilisations fondées par des êtres qui nous ressemblent, Solaris demeurerait une provocation éternelle. >>

Constat désabusé à propos de l’incommunicabilité ? Jeu de miroirs philosophique ? Mythe moderne aux accents d’éternité, avec en contrepoint un Orphée perdant une deuxième fois son Eurydice ? Essai poétique sur la souffrance inhérente à la création ?

Un peu de tout cela à la fois, et plus encore sans doute : la dernière page est tournée, le livre est refermé mais... on n’en a jamais fini avec l’énigme de Solaris.

Michèle Roger-Morini

 

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