Šukran
Roman de Jean-Pierre Andrevon, paru en 1989 dans la collection Présence du Futur, n°493. Grand Prix de la Science-fiction française 1990.
Roland Cacciari est un démobilisé de la Croisade Anti-Islamique. La paix revenue, il en est réduit à mendier avec l'aide de son guitarion dans les rues de Marseille. Mais la chance est avec lui puisqu'il se retrouve miraculeusement embauché à la sécurité dans la société Nord-Sud, où il découvre un curieux commerce mettant en jeu des individus "de type méditerranéen" qui ont subi un traitement bizarre…
Une chose est sûre : Andrevon est un maître dans l'art de dépeindre les pérégrinations quotidiennes, et son style s'adapte parfaitement à la description des pensées de son personnage, dans lesquelles il ajoute à son habitude quelques expressions savoureuses (<<visible comme le nez de Cyrano au milieu de la figure de Cléopâtre>>) et quelques touches d'ironie : <<le ciel de brume […] irisé de jaune, d'orange, de rose et de bleu […] m'a fait penser à une gigantesque tache d'huile répandue au-dessus des Bouches-du-Rhône et, si çà se trouvait, du monde. Il faut dire que j'ai tendance à penser beaucoup, et n'importe quoi>>.
Néanmoins, d'un point de vue "géopolitique", pour reprendre un terme cher au narrateur, ce livre est quelque peu décevant : il se contente d'extrapoler les tendances les plus évidentes de l'actualité de la fin des années 80, date de la rédaction du roman (islamisme, développement du nucléaire en Irak - mais le vilain Saddam allait bien vite se faire taper sur les doigts - , invasion des produits coréens…), et manque donc singulièrement d'imagination politique.