Jean-Pierre Andrevon

 

Auteur-phare de la science-fiction française dans les années 70, Andrevon, né en 1937 à Bourgoin-Jallieu, en Isère, non loin du Vercors, a été marqué par son enfance passée pendant la guerre, se demandant plus tard ce qu'il aurait fait s'il avait été en âge de choisir (cf Le dernier dinosaure, où il se met dans la peau d'un fasciste pris au piège dans un monde socialiste), et y puisant ses thèmes de prédilection : la guerre, le racisme, la bombe atomique, la réflexion sur l'humanité (<< Les retrouvailles avec ce singe nu que, par-delà tous les artifices, nous n'avons jamais cessé d'être, heureusement. Heureusement, car alors nous cesserions à tout jamais d'être hommes >>, Scant)… Il a souvent été traité de "gauchiste" ou d'"écologiste" pour ses prises de position, ce à quoi il répondait en ces termes : << On ne "fait" plus de politique comme on ferait, le dimanche, un rôti pour ses invités. On "vit" politique, on "est" politique : ce n'est pas là un choix librement consenti, c'est une des conséquences de l'existence dans un monde si complexe qu'il ne nous laisse pas le choix de ne pas choisir. >>. Il s'étonnait ainsi à juste titre de la naïveté de ceux qui pensent qu'on pourrait être apolitique, vivre et écrire sans se préoccuper de l'état du monde et sans laisser transparaître ses idées : << L'idéologie, quoi qu'on fasse et quoi qu'on en pense, fait partie d'un texte, quel qu'il soit, dès l'instant où l'état d'écrire en est à sa première majuscule. Il n'y a pas de récits politiques et de récits non politiques, de textes engagés et de textes d'évasion. Ecrire une histoire d'évasion, c'est dès l'abord faire un choix idéologique, si cette prétendue évasion a pour but de masquer le réel. >>

Cette façade politique ne doit pas faire oublier qu'Andrevon a du style, et qu'il a aussi et surtout des préoccupations esthétiques (cf Scant, ou encore Le monde enfin, où il arrive quand même à intercaler une touche d'ironie parmi les descriptions un peu longuettes : << Un faisan rejoignit les femelles peu après, brun, roux, vert, bleu, rouge, majestueux et stupide. >>).

Capable du meilleur comme du pire, d'écrire des œuvres profondes comme des séries Z, Andrevon est un touche-à-tout : outre sa collaboration comme critique littéraire au magazine Fiction, il s'est adonné à la peinture, à la BD, à la chanson, au court-métrage, où s'expriment toujours les mêmes angoisses de l'avenir (<<Demain le viol est génétique / Ton fils et ta fille naîtront robots / Bons pour les guerres épidémiques / Qui nous ferons mourir au chaud>>, extrait de la chanson Viens petite). Ces angoisses sont purgées dans Le monde enfin, comme un ultime rejet d'un monde qui le dégoûte. L'écologie à l'état ultime. L'aboutissement de l'œuvre d'Andrevon ? Peut-être pas, mais un texte marquant, qu'il faut avoir lu, même si ceux qui y adhèrent totalement sont rares, pour la contradiction qu'il apporte à notre arrogance habituelle.

Romans

Date

Intérêt

Divertissement

Šukran

1989

13/20

14/20

Nouvelles

Date

Intérêt

Divertissement

La réserve

1968

7/10

7/10

Le château du dragon

1971

3/10

5/10

Un petit saut dans le passé

1971

5/10

5/10

La peau d'un chien et les yeux d'une femme

1971

8/10

7/10

Manger !

1974

6/10

7/10

Scant

1975

7/10

4/10

De "A" à "Z"

1975

8/10

8/10

Salut, Wolinski!

1975

9/10

10/10

Le monde enfin

1975

10/10

7/10

Au cœur de la bombe

1976

5/10

5/10

Le dernier dinosaure

1977

9/10

8/10

Les longues vacances

1978

6/10

7/10

Les retombées

1979

6/10

6/10

Le réseau

1981

7/10

6/10

Il faut bien y penser

1981

9/10

9/10

Comme une étoile solitaire et fugitive

1981

7/10

6/10

Toute la mémoire du monde

1981

9/10

9/10

La fenêtre

1981

6/10

6/10

Neutron

1981

8/10

8/10

Le style d'Andrevon fait surtout merveille dans la très courte nouvelle (short short) d'une ou deux pages. Les neuf textes qui suivent sont parus dans Fiction en 1975 sous le titre Neuf déchirures dans la trame de la désespérance quotidienne. Selon l'auteur, ils sont inspirés de rêves (si c'est comme çà toutes les nuits, on n'aimerait pas être à sa place). Ils décrivent un futur très sombre, où l'exagération est parfois grossière (Le quartier des étoiles). Les deux derniers textes, qui traitent de la surpopulation, feraient ainsi passer Tous à Zanzibar pour une fable optimiste. Mais leur qualité est leur brièveté, qui évite qu'ils soient aussi lourds que des dystopies genre 1984 : partant d'une idée (noire), ils nous font frémir ou réfléchir.

Titre

Note d'ensemble

La télévision

10/10

Le combattant

9/10

Le trou

10/10

Dernières classes

9/10

Crime de jeunesse

9/10

La nuit de la tendresse

6/10

Le quartier des étoiles

7/10

Planification

8/10

Le désir

10/10

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