Le robot qui me ressemblait
Recueil de nouvelles de Robert Sheckley traduites par Maud Perrin (sauf J'ai vu un homme..., traduit par Bruno Martin), paru chez Ailleurs et Demain.
Les conséquences d'un emploi du temps régenté par les contraintes de la productivité dans un monde déshumanisé sont abordées ici sous un angle amusant, ponctué par une fin non dénuée d'ironie.
Paradoxes temporels, détournement du vocabulaire scientifique, théories bidons, réflexion politique : cette nouvelle fait beaucoup penser à Stanislaw Lem (certaines scènes sont même très proches), en moins délirant mais en plus élaboré.
Une histoire acide et cynique, conclue par une moralité volontairement immorale.
Une vision humoristique du premier contact entre la civilisation humaine (pardon, américaine) et un représentant d'une espèce extraterrestre, où Sheckley ne manque pas l'occasion de faire des portraits ravageurs de ses compatriotes, dont ce colonel qui << professait un certain nombre d'opinions bien arrêtées dont la plupart reposaient sur les solides fondations d'une ignorance quasiment indestructible >>.
<< Le mariage est un témoignage obligatoire de fidélité de l'individu envers le gouvernement >>. Et Peter Honorious n'a plus que quelques jours pour trouver une compagne, s'il ne veut pas que son célibat subversif lui coûté des poursuites judiciaires !
Zirn abandonné sans défense, le palais Jenghik en flammes, Jon Westerly mort
Là, franchement, j'ai l'impression que Sheckley se fout de notre gueule...
Quand le snuff-movie est la norme, il n'est pas facile pour un célèbre acteur de Film-Vérité de connaître une fin de carrière digne.
A cette question métaphysique, Sheckley répond par un sens de l'absurde que n'auraient pas renié les Monty Python.
Je vois un homme assis dans un fauteuil, et le fauteuil lui mord la jambe (1968, avec Harlan Ellison)
Une nouvelle qui commence comme un récit d'anticipation lourd et peu crédible pour s'achever en un doux délire, via une description jubilatoire d'une ville dédiée aux vices humains.
Que font donc les gens quand ils se croient seuls ?
Dans cette satire des comportements voyeurs et de la curiosité malsaine, on a l'impression que Sheckley tente de créer une profondeur ou d'installer une ambiance type "La quatrième dimension" sans y parvenir. Il vaut mieux qu'il reste dans son créneau humoristique car il ne paraît pas doué pour la terreur psychologique.
Où l'on apprend pourquoi un type qui vous offre d'exaucer tous vos vœux n'a pas forcément le profil du démon tentateur...
Finalement, ce n'est qu'une transposition de notre Terminusmonde adoré et de sa course absurde autant que vaine à d'improbables richesses économiques.
Les derniers jours de la Terre (parallèle ?)
Sheckley brosse un portrait d'ensemble rapide d'un monde qui sait (en ce domaine, n'est-il pas plus question de croyance que de connaissance ?) qu'elle va mourir.