Trames

(titre original : Matter)

 

Roman de Iain M. Banks, traduit par Patrick Dusoulier et paru chez Ailleurs et Demain puis au Livre de Poche. Cette dernière publication comprend un texte intitulé Quelques notes sur la Culture, dans lequel Banks lui-même livre sa vision de la société utopique qu'il a créée.

Le roman est tout de suite lancé par un régicide : le roi Hausk est tué par celui qu'il pensait être son plus fidèle conseiller, une scène espionnée par son second fils, considéré comme un coureur de jupons inconséquent. De la fantasy médiévale très classique... si ces intringues chevaleresques ne mettaient pas en scène des peuples aidés/manipulés/protégés par des civilisations extraterrestres, elles-mêmes dépendantes d'autres espèces plus puissantes... Quelle valeur donner à sa vie, à ses valeurs, quand on a conscience de n'être qu'un pion dans un univers bien plus grand ? C'est la question au cœur de Trames.

Le héros principal ira chercher l'aide de sa soeur, qui a quitté à son jeune âge sa société guerrière et machiste pour rejoindre Circonstances Spéciales, la branche sulfureuse de l'égalitariste et puissante Culture. Un long voyage commence alors, dont on sait par avance qu'il s'achèvera par un retour au point de départ. L'odyssée est donc un peu longuette, car Banks aime prendre son temps et se disperser... au risque de laisser son lecteur lui aussi un peu perdu - voire las - dans le vaste univers.

On prend toujours plaisir au ton ironique qui fait tout le sel du cycle de la Culture, mais l'écrivain britannique peut finir par lasser. Certes, il reste un formidable créateur de décors. Il l'avait déjà prouvé dans Le sens du vent, et ses Mondes-Gigognes fait de niveaux superposés concentriques sont une trouvaille marquante. Mais ce que l'on avait aimé dans les meilleurs opus de la Culture, c'était bien plus que cette qualité d'architecte de mondes : c'était l'alliance de la plume, du pinceau et du cerveau, de tous les ingrédients qui font un chef d'œuvre. Il manque une idée forte à Banks pour relancer un cycle qui se met à tourner un peu dans le vide : cette idée, ce sera Les enfers virtuels.

 

Retour à la page Iain M. Banks