Vernor Vinge
Ex-époux de Joan D. Vinge avec qui il a gardé de bonnes relations, il a obtenu le prix Hugo pour Un feu sur l'abîme.
Roman |
Date |
Intérêt |
Divertissement |
1992 |
12/20 |
14/20 |
Roman paru chez Ailleurs et Demain, traduit par Guy Abadia. Prix Hugo 1993, ex-æquo après compte et recompte des voix avec Le grand livre.
Par négligence, une expédition humaine réveille une Puissance enfouie dans une Archive des limites de la Transcendance et cause indirectement la destruction de nombreuses civilisations. Un vaisseau parvient pourtant à s'échapper, emportant avec lui un secret indispensable à cette Puissance, et s'écrase sur un monde médiéval, où vivent des meutes de créatures canines à conscience collective.
Avec ce gros pavé, Vinge nous fait replonger dans la bonne vieille science-fiction traditionnelle, où la concision et la modestie ne sont pas les principales qualités. L'aspect grandiloquent de l'uvre est marqué dès les premières pages : les évènements qui nous sont narrés ont "changé l'avenir de mille millions de systèmes stellaires". Plus loin, on apprend que "cette méprise allait changer le cours de l'histoire des mondes". Pas besoin d'en rajouter une couche, on a compris. Dans les films hollywoodiens, au moins, on se contente d'un battement de tambour.
Vinge propose une conception originale de la nature de la galaxie, et son étude d'une intelligence collective est intéressante. Dommage qu'elle soit gâchée par des bizarreries : comment les habitants de la planète en question connaissent-ils les mantes, surnoms qu'ils donnent à leurs visiteurs ? Vinge veut-il nous faire croire que cette espèce a pu évoluer indépendamment de façon similaire (modes comportementaux particuliers compris) sur deux mondes différents ? Toutes les civilisations sont d'ailleurs calquées sur le même moule, comme s'il n'y avait qu'une seule évolution possible sans que les différences physiques ou environnementales changent quoi que ce soit à l'affaire. Toute espèce finit par inventer des châteaux-forts, voyons ! Et tout médecin primitif prescrit des saignées !!! Vinge a l'air de croire que l'évolution suit une progression linéaire de "l'intelligence" et que l'histoire est un éternel recommencement. De plus, il copie trait pour trait Internet parce que cela fait futuriste, mais ce n'est que le présent, désolé. On voit mal le progrès du monde qu'il décrit par rapport à nos Lenteurs... Du coup, son univers ressemble à un ressassement sans saveur des derniers siècles d'histoire humaine, ponctué de quelques idées originales.