Voyage

 

Roman paru en deux tomes chez J'ai Lu (n°6611 et n°6612), traduit par Guy Abadia.

L'utilisation du terme "science-fiction" trouve son origine chez l'électricien Hugo Gernsback, argument utilisé par certains analystes pour qualifier ce genre de "littérature d'ingénieurs" et dissiper un certain malentendu. Dans ce que l'on appelle hard science, on assimile souvent à tort deux branches différentes. D'un côté, une littérature de concepts (type Egan) qui place en son centre l'idée novatrice et la thèse audacieuse. De l'autre, ce qu'on pourrait appeler une littérature "de conception", où il est moins question de théorie que de technologie. Voyage correspond tout à fait à cette dernière définition.

Baxter se place dans une hypothèse uchronique - le président américain John Fitzgerald Kennedy n'a pas été assassiné - pour imaginer une orientation différente de la NASA, qui aurait privilégié les vols habités vers Mars et aurait atterri sur la planète rouge en 1986. Ce qui l'intéresse avant tout, ce sont les préparatifs de ce voyage, les heures d'entraînement, les angoisses des astronautes, les rouages de l'agence spatiale, de ses fournisseurs et de ses sous-traitants, et bien sûr l'arrière-fond politique.

La mission vers Mars proprement dite se dévoile tout au long du roman dans des chapitres spécifiques. Ces fenêtres, comme des lucarnes de rêve, rappellent ainsi à intervalles réguliers cet aboutissement qui justifie les sacrifices détaillés par ailleurs. Cette progression en parallèle est plutôt nuisible de prime abord pour la lisibilité, lorsque la partie "préparatifs" du roman en est à poser ses personnages et n'a donc pas encore la trame linéaire qui s'améliorera par la suite. Or, sans être compliqué (pas de concepts, comme on l'a dit), le livre peut paraître sec par son réalisme pointilleux jusque dans le langage perclus de sigles. C'est que le prix de l'espace est très terre-à-terre...

 

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