Le maître du haut château

(titre original : the man in the high castle)

 

Roman de Philip K. Dick de 1962, paru dans la collection J'ai Lu (n°567), traduit par Jacques Parsons. Il a obtenu le Prix Hugo en 1963.

L'Axe a gagné la guerre. Les vainqueurs se partagent les Etats-Unis : l'Est pour les nazis, qui installent progressivement leur ordre nouveau sur toute la planète, et l'Ouest pour les Japonais. La désignation du Führer qui devra succéder à Bormann déterminera probablement les prochaines cibles de la conquête nazie. Le nouveau chef suprême devra aussi éliminer la subversion, dont cet écrivain vivant dans un château reculé, qui est l'auteur d'un ouvrage dans lequel il raconte la victoire des Alliés.

Dick tente de dérouter le lecteur en diluant avec habileté la vérité à travers les miroirs de l'histoire. Il est vrai que le sujet est original et novateur pour l'époque. Ce roman est une des toutes premières uchronies, même si Dick complexifie quelque peu la chose en mettant plus directement en doute nos certitudes quant à la réalité, avec des personnages obnubilés jusqu'à l'agacement par le Yi-King, censé les guider dans les dédales de l'Histoire en leur dévoilant l'avenir. Le roman se déroule dans le calme paisible des contrées sous domination japonaise, où les horreurs nazies n'apparaissent qu'en filigrane. Avec le totalitarisme tranquille pour cadre, Le maître du haut château évoque aussi l'éventuelle portée politique d'une uchronie, simple jeu d'esprit ou œuvre avec arrière-pensées ?

 

PS : Jacques Goimard a écrit à propos de Dick, que sa germanophilie avait entre autres poussé à admirer Goebbels dans sa jeunesse, que << c'est au moment de la bataille de Stalingrad qu'il renonça à tous ses restes de sympathie - même esthétiques - pour la cause nazie >>. Étrange formulation ! Qu'il est facile d'être napoléonien jusqu'à Waterloo, pour l'Indochine française jusqu'à Dien Biên Phû et résistant dès 1946 !

 

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