John W. Campbell (1910 - 1971)

 

Comme lecteur puis comme auteur (sous son nom propre ou, pour les textes qu'il considérait plus novateurs, sous le pseudonyme de Don A. Stuart, d'après le nom de sa femme Dona Stuart), John Campbell a d'abord été le produit des premiers pulps, ces magazines de piètre qualité - tant au point de vue du contenu que de celui du papier avec lequel ils étaient imprimés - qui contribuèrent à établir la science-fiction en tant que genre à part entière. Le tout premier pulp entièrement dédié à la SF a été Amazing, créé en 1926 par Hugo Gernsback, en l'honneur duquel est décerné annuellement le "prix Hugo". Mais c'est lorsque John Campbell prend la direction en 1938 de la revue Astounding Science-Fiction (ASF) qu'il donne une assise et une respectabilité au genre.

Dans le mot composé "science-fiction" (inventé par Gernsback), Campbell a mis l'accent sur le premier terme, qui n'était souvent utilisé que comme débouché supplémentaire par des auteurs de récits d'aventure. Son insistance pour donner une cohérence à la SF a donné naissance à la première vraie génération d'écrivains spécialisés, emmenée par Van Vogt et Asimov. Certes, la politique d'Astounding, qui consistait avant même l'arrivée de Campbell à mieux payer les nouvelles que ses confrères, pour s'assurer de disposer des meilleures, a aidé ces vocations, même s'il n'est pas encore question à ce moment-là que l'on puisse vivre de sa plume avec la science-fiction. Mais Campbell les a encouragées, en donnant des axes de travail pour aider les auteurs débutants à s'améliorer, en particulier avec ses lettres de refus détaillées.

Campbell a cessé très rapidement d'écrire pour se consacrer pleinement à ses activités éditoriales. Il fourmille toujours autant d'idées, mais les fait exploiter par procuration par ses auteurs. Il peut leur exposer ses points de vue pendant des heures et est intarissable sur presque n'importe quel sujet. Il guide, il donne un cap, mais il n'est pas aisé de le contredire et il engonce aussi la science-fiction avec sa vision limitatrice. En fin de compte, il fallait quelqu'un comme lui pour que le genre mûrisse, avant qu'il ne puisse voler de ses propres ailes.

Après "l'âge d'or" dont il est une figure indissociable, l'influence de Campbell va déclinant. Dès l'origine, il vouait une forte curiosité aux théories situées aux confins de la science. Il a ainsi été marqué par les expériences de télépathie du Dr Rhine, qui était professeur à l'Université de Duke à l'époque où il y étudiait. Rhine est l'inventeur des fameuses "cartes de Zener" (baptisées du nom de son associé) et on retrouve une allusion à ces expériences dans La chose d'un autre monde. C'est la source de l'omniprésence du thème des pouvoirs psys dans la science-fiction de l'immédiat après-guerre, sous l'impulsion de Campbell. Au fil du temps, sa crédulité s'aggrave, notamment dans les années cinquante avec la dianétique hubbardienne et la grande mode des OVNI. Les théories les plus fumeuses sont présentées avec de moins en moins de sens critique dans les pages d'ASF, qui laissent la porte ouverte aux charlatans. La revue, qui sera rebaptisée Analog Science Fiction / Science Fact par Campbell en 1960, n'occupe plus une place aussi prépondérante, car elle subit la concurrence de Galaxy, qui se prend moins au sérieux.

 

Nouvelles

Date

Intérêt

Divertissement

Crépuscule (Twilight)

1934

8/10

8/10

Cécité (Blindness)

1935

6/10

6/10

Le ciel est mort (Night)

1935

9/10

7/10

Élimination (Elimination)

1936

7/10

7/10

Points de friction (Frictional losses)

1936

5/10

7/10

L'éveil d'Aesir (Out of night)

1937

6/10

6/10

Suicide (Dead knowledge)

1938

6/10

6/10

La bête d'un autre monde (Who goes there ?)

1938

9/10

9/10

Le manteau d'Aesir (Cloak of Aesir)

1939

6/10

7/10

 

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