John Dos Passos (1896-1970)

 

Ecrivain américain de père portugais, il a marqué la littérature américaine du début du siècle. Ses œuvres majeures sont Mannathan Transfer et surtout la trilogie USA (42è parallèle, 1919 - aussi traduit sur le titre l'An premier du siècle), la Grosse Galette), qui le révéla dans les années 30. Il y brosse un portrait de l'Amérique du début du siècle, à travers les destins de quelques personnages, porteurs d'aspirations sociales ou personnelles, en utilisant des techniques stylistiques nouvelles qui inspireront plus tard John Brunner dans Tous à Zanzibar, même si celui-ci va plus loin (si on a pu qualifier le style de Dos Passos de "cinématographique" car il s'est inspiré des principaux réalisateurs du début du siècle, notamment Eisenstein, cela devient impossible pour Brunner, à moins que, dans ce cas, "cinématographique" signifie "inadaptable au cinéma"). Après la seconde guerre mondiale, Dos Passos dérive vers la droite, supportant la guerre du Vietnam. Il n'arrivera plus à renouer avec la puissance littéraire de USA, qu'il retouchera dans les années 60.

Titre

Date

Intérêt

Divertissement

42è parallèle (42nd parallel)

1930

17/20

14/20

1919 ou L'an premier du siècle (Nineteen Nineteen)

1932

17/20

14/20

Romans parus chez Folio, traduits par Yves Malartic.

Dans le premier tome, on retrouve les luttes sociales de Mac, l'imprimeur d'origine irlandaise, les ambitions de J.Ward Moorehouse, les états d'âme candides de Janey, la secrétaire, et ceux plus superficiels d'Eleanor Stoddard, qui devient décoratrice d'intérieur. Suivront un marin qui se laissera porter par le courant au gré des naufrages et des embauches, une innocente fille à papa au destin tragique, etc... Le lecteur suit ainsi leurs vies parfois itinérantes, où prime souvent la survie au jour le jour, qui les conduit aux quatre coins des Etats-Unis, mais aussi au cœur de la révolution mexicaine ou encore en France.

Mais les histoires alternées de ces personnages qui subissent l'histoire plus qu'ils ne la font ne formeraient qu'un roman quelconque si elles n'étaient pas séparées par trois types de chapitres qui forment le cœur de l'ouvrage : les "news reels" (actualités), qui mêlent dépêches de journaux et chansons populaires, véritables instantanés du cadre politique et social, "the camera eye" (chambre noire), qui utilise la focalisation interne pour raconter des anecdotes et des instantanés dans un style impressionniste, et surtout les courtes biographies de personnalités marquantes de l'époque, du leader socialiste Gene Debs au physicien Thomas Edison et aux présidents Theodore Roosevelt et Woodrow Wilson.

Ce sont en effet elles qui donnent à l'auteur l'occasion de livrer son point de vue, tranchant ainsi avec la froideur relative du reste du roman. Il y utilise un style sec, faisant une description a priori neutre et détachée, mais le choix volontairement restreint des éléments biographiques, leur agencement, et surtout un sens aigu de la formule et de la structure (par le retour à la ligne tranchant), mises au service de la pensée, laissent filtrer habilement le point de vue de l'auteur. "Grands hommes" et petites gens ballottés par l'Histoire se croisent ainsi dans cette fresque réaliste dont les fragments de puzzle dépeignent une fois assemblés le destin d'un peuple et d'un pays.

 

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