Les insulaires

(titre original : The Islanders)

 

Roman de Christopher Priest paru chez Denoël dans la collection Lunes d'Encre, traduit par Michèle Charrier. British Science-Fiction Award 2011 et John W. Campbell Award 2012.

Christopher Priest revient dans l'Archipel du Rêve, et ose aborder cet univers onirique sous la forme d'un... guide touristique. Il fallait oser utiliser cette forme littéraire pour décrire un territoire où nul n'ira jamais : descriptions géologiques, conseils de voyage. Elle se prête assez bien à son humour froid et détaché, qui fonctionne par allusions. Tenir tout un roman sur cette forme, en décrivant des îles par ordre alphabétique, sans ennuyer serait un tour de force... et Priest biaise.

Il glisse dans son guide des récits plus longs, de narrateurs différents, où l'on entrevoit un meurtre étrange. Au gré des pérégrinations alphabétiques se déploient des personnages récurrents, célébrités archipélagiques : un peintre lubrique, une artiste forant des tunnels à travers les îles pour écouter le vent ou l'eau s'y engouffrer, forcément quelques écrivains.

Au fil de la lecture, on cherche donc mentalement à assembler les pièces du puzzle... sauf qu'il y aura toujours une pièce en trop ou une pièce manquante. Normal sur cet Archipel du Rêve soumis à des distorsions temporelles qui rendent impossible d'en dresser une carte, ni même d'en compter les îles, ni même de savoir si certaines existent ou non. Tisseur de rêves (car dans les rêves la logique topographique est absente) plutôt que bâtisseur de mondes, Priest nous entraîne vers des perspectives vertigineuses, avec aucun risque de chute... puisqu'il n'y en a jamais.

 

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