Le long labeur du temps

(titre original : The Long Result)

 

Roman paru chez J'ai Lu (n°848), traduit par Alain Dorémieux.

Depuis qu'elle maîtrise le voyage spatial, l'humanité a essaimé sur deux planètes, Viridis, où une communauté rousseauiste s'est installée pour se vouer essentiellement aux arts et à la poésie, et l'arrogante Stellaris, fondée sur le développement technologique. Elle a par ailleurs découvert quatre espèces extraterrestres, avec lesquelles la communication requiert un maximum de tact et une grande préparation diplomatique. Or, les Stellariens, tout heureux d'avoir à leur tour construit leur premier vaisseau interstellaire, prennent la Terre à l'improviste en amenant avec eux une délégation de Tau Cétiens, pour ce qui le premier contact entre les deux espèces. Roald Vincent, qui ne s'occupe que des affaires intra-humaines au Bureau des Relations Culturelles, est envoyé pour sauver la situation. Mais un mouvement xénophobe, la Ligue des Étoiles pour l'Homme, se fait de plus en plus virulent...

La faiblesse du héros étant trop explicite et trop vite perceptible (ce qui n'est pas sans rappeler La Ville est un échiquier de la même époque... Heureusement, Brunner perdra par la suite cette mauvaise habitude de jeunesse de créer des personnages qui comprennent moins vite que le lecteur, qui n'a pas besoin que l'on flatte sa perspicacité de manière aussi indue), on a longtemps la déception de se retrouver face à un roman policier téléphoné et raté où il a déjà identifié le coupable. Mais finalement, peu importe, car la petite intrigue se fait vite manger par la moyenne, puis par la grosse, beaucoup plus subtile... Et après avoir laissé croire que le fait majeur de l'histoire est la colonie qui dépasse la nation-mère (parallèle explicite sur la relation entre les États-Unis et l'Angleterre), John Brunner montre combien ces notions de suprématie sont dérisoires, par une conclusion magistrale, hymne à la modestie qui n'est en aucun cas contradictoire avec l'ambition. Déjà, malgré ses défauts, ce roman contient l'embryon de son œuvre et témoigne de sa profonde humanité.

 

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