La forêt de cristal

(titre original : The Crystal World)

 

Roman de 1966 de J.G. Ballard, traduit par Claude Saunier pour la collection J'ai Lu, puis plus récemment (2008) par Michel Pagel dans la collection Lunes d'encre de Denoël.

La forêt de cristal est le dernier des quatre romans de Ballard présentant des apocalypses naturelles (après Le Vent de nulle part, Le Monde englouti et Sécheresse), quatre œuvres qui s'inscrivent en rupture avec la science-fiction classique en ce qu'elles présentent des personnages passifs qui acceptent leur sort. Loin des héros campbelliens prêts à lutter contre les catastrophes, ils les adoptent en ce qu'elles reflètent leurs transformations intérieures. Si les sujets des trois autres romans sont assez intuitifs et contenus dans leur titre, La forêt de cristal est le moins intuitif et sans doute le plus abouti.

Le Docteur Sanders, qui a quitté sa léproserie pour aller retrouver un couple d'amis (et surtout la femme, Suzanne, sur qui il a "cristallisé") dans un dispensaire de la forêt camerounaise, débarque à Port Matarre et découvre un paysage sombre qu'il compare dans l'introduction à L'île des morts de Böcklin, version bâloise, soit exactement le même tableau dont Ricciardello a fait le centre de son roman Aux frontières du chaos.

Cette allusion suggère les thèmes majeurs qui vont suivre : le clair-obscur, la fascination pour la beauté de la mort, mais surtout pour l'immobilité, la fin du temps, la majestueuse et lumineuse éternité qui s'empare des arbres puis des êtres, tour à tour recouverts de cristal par cet échange syndrome qui s'étend. Le style de Ballard ne s'est jamais fait aussi pictural, jamais autant imprégné d'une vision artistique.

 

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