China Miéville

 

Né de parents hippies, divorcés peu après sa naissance, China Miéville en a hérité un prénom peu commun. Ayant grandi dans la banlieue ouvrière londonienne de Willesden, il a élargi sa vision du monde en donnant des cours d'anglais en Égypte et au Zimbabwe pendant un an, puis s'est intéressé à la politique à l'université où il a obtenu un diplôme de droit international.

Lorsque Miéville s'est présenté aux élections législatives pour le compte d'un parti trotskyste, et le journal (de droite) Evening Standard l'a baptisé "l'homme le plus sexy en politique". Il faut dire qu'avec ses gros biceps, son crâne tondu et ses anneaux dans l'oreille gauche, il n'a pas tout à fait l'allure du politicien moyen.

Ce n'est cependant pas l'envie de faire passer ses idées qui le pousse à écrire, simplement sa passion pour décrire des monstres. Son imagination sur le sujet est débordante. Le décloisonneur Miéville a pris son inspirations dans divers genres et avoue une filiation avec Ballard et Disch pour ce qui est de la science-fiction. Deux écrivains qui bousculent, qui cassent les codes, et qui mettent en lumière les côtés sombres de l'âme humaine.

Son premier roman, Le roi des rats, adaptait le conte allemand du joueur de flûte de Hamelin dans une ambiance musicale drum'n'bass. Le deuxième, Perdido Street Station, a introduit l'univers de Bas-Lag qui sert désormais de cadre à ses œuvres, et qui a fait de Miéville une référence des littératures de l'imaginaire, qui s'applique à briser des barrières et à "dé-tolkieniser" la fantasy.

 

Roman

Date

Intérêt

Divertissement

Perdido Street Station

2000

13/20

14/20

Nouvelle-Corbuzon est une métropole glauque où s'entassent dans la promiscuité la plus crasse les bâtiments et les gens. Ceux-ci se partagent entre humains et xénians de différentes espèces. Le scientifique Isaac der Grimnebulin connaît le trouble moral consistant à appréhender une mentalité différente de la sienne : il partage sa vie avec une khépri (une femme-insecte) et promet à un Garuda (un homme-oiseau du désert) de l'aider à voler de nouveau alors que ses ailes ont été coupées par les siens en punition d'un crime. Pour remplir cette mission, il achète et recueille tout ce qui est vivant et qui vole, du plus anodin au plus dangereux...

Les premières descriptions pourraient laisser penser qu'on a affaire à un énième roman steampunk qui ressasse le cadre de la révolution industrielle et les classes sociales, en insistant avec plus de complaisance sur la saleté et la misère pour singer Dickens sans bien sûr l'approcher. Cette crainte est vite dissipée par la qualité du style de Miéville et surtout de sa construction du récit.

Le scénario se met en place petit à petit et s'accompagne d'une découverte progressive des quartiers de la ville et de leurs habitants, sans jamais que le décor ou le contexte ne soient peints de façon fastidieuse. Après avoir suivi les pérégrinations des personnages, on a fait le tour de la cité et on s'est familiarisé avec sa politique, son économie, ses citoyens et de nombreux aspects de sa société. Tous témoignent d'une imagination judicieusement canalisée.

 

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