Thomas M. Disch

Disch a passé son enfance dans l'Iowa et son adolescence dans le Minnesota avant de passer la majeure partie de sa vie à New York. Cela ne l'a pas empêché de beaucoup voyager, en Turquie notamment, et d'en tirer pour ses nouvelles quelques leçons de vie à destination de l'Américain moyen. Dans les années 70, il a vécu un temps là où la science-fiction retrouvait un second souffle, dans l'Angleterre de la nouvelle vague des Ballard et compagnie, une "New Wave" dont il était lui-même partie prenante. On peut d'ailleurs trouver - notamment dans Génocides - une certaine filiation avec un auteur anglais classique, John Wyndham.

Alors que son œuvre fut trop vite oubliée et qu'il peinait à vivre encore de sa plume, le nouveau siècle a été ingrat envers Disch. Le musculeux écrivain s'est engraissé, sa santé s'est détériorée et les ennuis se sont accumulés jusqu'à le faire sombrer dans la dépression : incendie dans son appartement de Union Square, dégât des eaux dans sa maison de compagne, mort (cancer) de Charles Naylor - le poète dont il partageait la vie depuis trente ans - et menaces d'expulsion. Disch s'est suicidé à 68 ans, le jour de la Fête Nationale américaine.

Avant même ce destin tragique, Disch pouvait facilement passer pour l'écrivain le plus pessimiste de l'histoire du genre, mais son cynisme est pourtant profondément humaniste. Pour lui, le malaise de la civilisation est profond, et il ne trouve de salut ni dans des sociétés totalitaires ni dans une révolte individuelle vouée à l'échec où les pires sentiments de chacun sont impitoyablement mis en lumière. Pourtant, son œuvre ne met pas mal à l'aise le lecteur, qui n'y trouve qu'un récit après tout familier et nullement choquant. Et c'est peut-être ça le plus inquiétant...

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