Cet écrivain américain s'est principalement adonné à la prospective scientifique, inventant notamment (dans son roman La Toile entre les Mondes) en même temps qu'Arthur C. Clarke le concept d'ascenseur spatial, plus tard exploité et transposé sur Mars, où sa mise en œuvre est plus facile, par Kim Stanley Robinson. Mais il a également exploré l'anticipation avec Le frère des dragons.

Roman paru dans la collection Le Livre de Poche (n°7218), traduit par Guy Abadia et préfacé par Gérard Klein.

Job Napoléon Salk est né prématuré, laid et abandonné par sa mère droguée, mais avec un don inné et spectaculaire pour l'assimilation de langues étrangères. Il lui sera un atout pour survivre malgré la misère et la faim dans une Amérique polluée et minée par les inégalités, déchirée par la Quiebra Grande, la Grande Cassure qui a frappé le monde alors que Job avait cinq ans.

Avec un point de vue social-chrétien, Charles Sheffield décrit une anticipation à très court terme, et dont la brutalité est d'autant plus frappante. C'est qu'elle ne résulte pas d'une évolution inexorable comme la tétralogie de Brunner, mais d'une situation de crise, une Cassure. Cette société post-cataclysmique trouve ses fondements non seulement dans une crise économique que renforce la concentration des richesses, mais surtout dans une crise de confiance. Les victimes de cette défiance des citoyens sont les scientifiques, boucs émissaires rendus responsables de la dégradation de l'environnement et de la situation sociale, tandis que les vrais coupables, les dirigeants économiques, renforçaient dans l'ombre leur pouvoir totalitaire. Cette société s'est ainsi privée de la ressource de la recherche scientifique, seule éventuellement capable de la sortir de l'impasse, en frappant le savoir scientifique d'interdit et en exilant les chercheurs dans une décharge d'entassement de déchets nucléaires et toxiques, où ils n'ont pourtant pas abandonné tout espoir, retrouvant leur réflexe communautaire.

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