Les thanatonautes

 

Roman paru chez Albin Michel.

Une dernière frontière reste inexplorée pour l'humanité : celle de l'au-delà et du Continent des Morts dont les Thanatonautes vont peu à peu dresser la carte.

Le parti pris est net : ce roman sacrifie la cohérence et la crédibilité à la dramaturgie. Inégal au début, oscillant entre subtilité et naïveté, il devient ensuite constant dans la médiocrité. Il s'enlise en effet et se complaît dans sa description dénuée d'originalité, simple compilation de religions qui n'en tire qu'une substance creuse. La collection de mythes qui sous-tend l'histoire n'est qu'un ressassement sans intérêt qui n'apporte rien de nouveau, surtout pas le lamentable vernis scientifique. Plus le roman avance, moins la sauce prend, et plus le mystère envoûtant de la mort nous paraît ennuyeux. La petite cuisine de Werber sombre dans la platitude, ses tentatives désespérées de s'accrocher à des références telles que Dante, Dick ou Herbert ne faisant qu'accentuer la résonance pathétique de la comparaison. Plus les murs de la mort s'ouvrent, plus les paupières du lecteur se ferment.

Alors qu'elles sont quasiment closes, l'ouvrage et brusquement sauvé par l'Entretien avec un mortel, dont le détachement léger marque une rupture et laisse la place à un ton plus narquois beaucoup plus approprié que les explications prétentieuses auxquelles il succède. Les cent dernières pages constituent ainsi un amusant conte philosophico-humoristique à la Lem qui ne nécessitait pas le lourd attirail mystico-scientifique précédemment employé.

 

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