Le sens du vent
(titre original : Look to windward)
Roman paru chez Ailleurs et Demain et au Livre de Poche (n°7283).
Les Circonstances Spéciales ont commis une "petite gaffe". En cherchant à modifier en douceur une civilisation étrangère - les Chelgriens - bloquée par un système injuste de castes, elle a provoqué une guerre civile meurtrière. Quilan y a perdu sa femme, et aujourd'hui il est envoyé sur une orbitale de la Culture, officiellement pour demander à un compatriote, le compositeur Ziller, de bien vouloir rentrer avec lui. Mais cet exilé politique au caractère bourru, qui a été chargé de créer une grande symphonie pour marquer les 800 ans de la fin de la guerre entre la Culture et les Idirans (relatée dans Une forme de guerre), n'a aucune envie de le rencontrer, et encore moins de retourner sur Chel.
Dans ce jeu d'évitement, le roman prend son temps, tandis que les personnages font du tourisme. Banks a ainsi tout le loisir de décrire des pratiques sportives exotiques et des paysages incommensurables qui réhabilitent sans la moindre gêne la majesté de la science-fiction traditionnelle. Il le fait avec un talent en mesure de dérider les blasés, entre petites mondanités aux dialogues savoureux.
Cela n'avance pas beaucoup, mais il y a évidemment des intrigues croisées pour maintenir le fil. Certains trouveront cela "puéril", mais le procédé, comme dans L'usage des armes, a sa raison d'être, puisque les souvenirs - et le but réel de sa mission - ne sont censés revenir au personnage principal que petit à petit. Il ne s'agit pas d'un artifice littéraire, mais d'une composante essentielle du déroulement du récit. Banks réussit ainsi une gageure : un space opera aux apparats grandiloquents... et tout en finesse.