Destination 3001

 

Anthologie parue chez Imagine Flammarion, composée par Robert Silverberg et Jacques Chambon.

Cette anthologie originale est une première puisqu'elle réunit des auteurs de cinq pays différents (Allemagne, États-Unis, France, Grande-Bretagne et Italie). Malgré la présence de grands noms à l'affiche, elle reste globalement décevante par rapport aux attentes que pouvait susciter le projet.

 

Quatre courts romans (Four short novels)

Nouvelle de Joe Haldeman, traduite par Pierre-Paul Durastanti.

Ce n'est pas une, mais quatre variations autour du thème proposé que présente Haldeman. Quatre idées de base poussées à l'excès, sans retenue et donc sans réelle tenue, quatre visions originales traitées dans un style on ne peut plus lapidaire.

 

Paradi (Paradice)

Nouvelle de Valerio Evangelisti, traduite par Jacques Barbéri.

Loin de ces incompétents de psychanalystes (que Dick avait eu la bonne idée de supprimer dans Simulacres), les psychiatres savent comment assurer le bien-être de l'humanité. Au pouvoir, ils savent endiguer la surpopulation et combattre les psychopathologies, au besoin par des mesures radicales. Cette description d'une Terre soumise à la folie généralisée fait figure d'électrochoc.

 

Notre mère qui dansez (My mother, dancing)

Nouvelle de Nancy Kress, traduite par Nathalie Serval.

Dieu, la morale, la vie extraterrestre, et l'attachement à ses croyances.

 

Le temps des Olympiens

Nouvelle de Serge Lehman.

Des dynasties glorieuses, de nobles traditions, de vaillants soldats, une belle princesse, de vils complots et des amours impossibles. Un condensé de tous les ingrédients du space opera le plus traditionnel, mis en valeur par le style élégant de Lehman, voilà de quoi faire rêver les foules. Avouons-le, le metteur en scène de cette tragédie grecque, Jorge, n'a rien à envier à Manuel Delgado.

 

Le semeur de cauchemars (Der Alptraummann)

Nouvelle d'Andreas Eschbach, traduite par Claire Duval.

L'an 3000, l'an 3000, encore faut-il qu'on arrive sans encombres, et notre monde réel est mal engagé, c'est ce qu'a le mérite de rappeler Eschbach, même s'il est facile de trouver le bonheur dans le confort des artifices. Une nouvelle qui rappelle Le congrès de futurologie de Stanislaw Lem.

 

Millenium express (The millenium express)

Nouvelle de Robert Silverberg, traduite par Hélène Collon.

Il est de ceux qui ne savent pas s'affranchir sans annihiler... La nouvelle à l'origine du recueil est peut-être la moins bonne du lot. De plus, les écrivains devraient parfois être mis à l'amende pour utilisation abusive de personnages célèbres.

 

Notre Terre

Nouvelle d'Ayerdhal.

La verve jouissive d'Ayerdhal fonctionne à merveille dans des ruptures de ton brutales qui rendent impossible tout dénouement prévisible. Un pied-de-nez final magnifiquement amené par le double point de vue d'un contact forcément incompris.

 

L'épineux problème de la tête à grand-mère (That unfortunate problem with GrandMa's head)

Nouvelle de Karen Haber, traduite par Hélène Collon.

Petite chronique familiale légère sans grand relief ni intérêt.

 

Angles (Angles)

Nouvelle d'Orson Scott Card, traduite par Pierre-Paul Durastanti.

Comme dans Xénocide, Card a découvert le secret de l'univers (des univers ?) en réarrangeant à sa sauce la physique des particules. Originale par son découpage, cette nouvelle vaut par le rebondissement de l'ultime scène, typique d'un Dick ou de certains Brunner, mais que l'on sent amené avec moins de maîtrise.

 

Retour au foyer (The discharge)

Nouvelle de Christopher Priest, traduite par Maryvonne Ssossé.

Bien évidemment, Priest a feint de ne pas comprendre le thème de l'anthologie et a écrit une histoire se déroulant au début du quatrième millénaire... de la guerre qui ravage le monde de l'Archipel du Rêve. Dans cet univers volontairement flou et mystérieux comme une utopie, quoi de mieux qu'un amnésique comme personnage principal, errant à la recherche de ses fantasmes cristallisés dans une œuvre d'art ?

 

L'hiver de Turing (L'inverno di Turing)

Nouvelle de Franco Ricciardiello, traduite par Jacques Barbéri.

Le passage obligé des univers virtuels et autres enregistrements de personnalité... On se dira après coup qu'il y avait en fin de compte une idée scénaristique recherchée dans la texture insipide propre au genre.

 

Jolie petite fille

Nouvelle de Joël Houssin.

Elle part, jolie petite histoire... Vers une conclusion aussi inattendue que logique.

 

Van Gogh à la fin du monde (Searching for Van Gogh at the end of the world)

Nouvelle de Paul McAuley, traduite par Pierre-Paul Durastanti.

Malgré une fin paraissant un peu bâclée dans la précipitation, cette nouvelle s'impose et détone par le style sarcastique très britannique de son auteur.

 

Les nuits inutiles

Nouvelle de Jean-Claude Dunyach.

Énième incursion dans un univers virtuel autonome.

 

Marche et crève

Nouvelle de Roland C. Wagner.

Atari.

 

Onde de choc (The Hydrogen Wall)

Nouvelle de Gregory Benford, traduite par Hélène Collon.

Isoler des reconstitutions d'intelligences extraterrestres ne suffit pas à comprendre où elles veulent en venir.

 

La balade du singe seul

Nouvelle de Sylvie Denis.

Le cadre de la nouvelle paraît trop restreint pour ce bilan d'un millénaire d'histoire condensé. A l'image de la touche d'ironie finale, Sylvie Denis y aborde les travers humains de façon détachée plutôt que grave.

 

Entités (Entities)

Nouvelle de Norman Spinrad, traduite par Nathalie Serval.

A force de lire du cyberpunk à tout bout de champ, c'est vrai que ça fait tout drôle d'être un carniciel-type... Pardon, un "homme". Mais si, en plus, on doit souffrir de n'être pas aussi imparfait de naissance...

 

On est bien seul dans l'univers

Nouvelle de Philippe Curval.

Une nouvelle où les apparentes incohérences sont expliquées par la révélation finale qu'elles sous-tendent.

 

<< Le 9 av >> (The ninth of Av)

Nouvelle de Dan Simmons, traduite par Jean-Daniel Brèque.

A son habitude, Simmons multiplie les références, de l'antisémitisme à l'expédition de Scott, dans une nouvelle qui laisse perplexe.

 

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